Quels sont les métiers les plus utiles ?

Pourquoi Superman avait tort de combattre le crime – BD de SMBC.

Superman est considéré par beaucoup comme un héros. Mais il n’exploitait pas le plein potentiel de ses talents – à cet égard, il est peut-être l’exemple le plus criant de tous les personnages de fiction. C’était une erreur de consacrer son existence à combattre le crime, une affaire après l’autre ; avec un peu plus de créativité, il aurait pu avoir un impact beaucoup plus grand. Et s’il avait livré des vaccins à toute la planète à une vitesse surhumaine ? Il aurait pu éradiquer la plupart des maladies infectieuses et ainsi sauver des centaines de millions de vies.

Selon nous, beaucoup de personnes qui veulent « faire une différence » via leur carrière tombent dans le même piège que Superman. En début d’études, beaucoup désirent se lancer dans la médecine ou dans l’enseignement, alors que ces voies ne sont pas forcément les plus adaptées à leurs compétences respectives. Et, comme la lutte contre le crime de Superman, ces carrières n’offrent qu’une contribution limitée à la résolution d’un problème.

Par opposition, le médecin et prix Nobel Karl Landsteiner, avec sa découverte des groupes sanguins, a permis de sauver des centaines de millions de vies. Il n’aurait jamais pu réaliser lui-même un nombre équivalent d’opérations chirurgicales.

Nous présentons ci-dessous cinq méthodes auxquelles vous pouvez avoir recours via votre carrière pour contribuer à combattre les problèmes sociaux de votre choix (que nous avons identifiés dans l’article précédent) : gagner pour donner, chercher à diffuser des idées, faire de la recherche, améliorer la réglementation, ou travailler dans l’associatif. Vous pouvez voir chacune d’elles comme une gamme de compétences précieuses qui vous aidera dans votre volonté de contribution.

Pour encore plus de suggestions, jetez un œil à la liste des carrières à très fort impact que nous avons identifiées jusqu’ici grâce à nos recherches.

Temps de lecture : 20 minutes.

En deux mots

  • Une fois que vous avez choisi un problème sur lequel vous pencher, comme vu dans le dernier article, l’étape suivante est de trouver le meilleur moyen de contribuer à le résoudre. 
  • Réfléchissez dans les grandes lignes aux options qui vous permettront d’avoir le plus d’impact, et notamment aux suivantes : recherche, communication d’idées et développement de communautés, poste à haut salaire pour reverser de l’argent à des œuvres caritatives, politique et gouvernance, contribution à une organisation.
  • Concentrez-vous sur les approches qui sont prioritaires au sein de votre domaine. Dans certains, la résolution du problème va majoritairement passer par des changements de réglementation. D’autres ont surtout besoin de davantage de recherches, d’autres de financements, et ainsi de suite.
  • À long terme, votre but sera de trouver l’option qui vous offrira le meilleur équilibre entre :
    1. L’urgence du problème ;
    2. L’importance de votre contribution ;
    3. Votre adéquation personnelle ;
    4. Vos autres objectifs à vous.

Approche no 1 : gagner pour donner

Elton John aurait-il davantage apporté à l’humanité s’il avait travaillé dans une petite association ? En général, ce n’est pas à « rockstar » qu’on pense quand on cherche une voie professionnelle qui permette de faire une différence, mais (et indépendamment de la valeur de sa musique !) Elton John a sauvé des milliers de vies en freinant la propagation du VIH/SIDA1.

Elton John a eu un impact humanitaire colossal grâce à ses dons philanthropiques, ce qui à nos yeux rattrape largement son massacre d’I’m Still Standing. (Photo par Ernst Vikne)

Voici donc une stratégie rarement mise sur la table : gagner pour donner.

Nous rencontrons régulièrement des gens qui s’intéressent à des métiers bien payés, par exemple dans le développement logiciel, mais qui craignent de ne pas pouvoir faire une différence dans ce domaine. C’est en partie dû au fait qu’on n’envisage pas souvent « toucher plus d’argent » comme une option pertinente pour une personne qui veut avoir un impact positif. Pourtant, il y a beaucoup d’organisations efficaces qui n’ont aucun mal à attirer du personnel enthousiaste, mais qui n’ont pas les fonds pour les embaucher. Les personnes qui ont une possibilité de poste mieux payé peuvent faire des dons à ces organisations, et ainsi avoir une contribution indirecte importante.

« Gagner pour donner » est ici à comprendre comme : travailler à un poste à impact direct neutre ou positif, qui paie davantage que les autres options disponibles, et confier une grosse partie de la différence (typiquement, 20 à 50 % du salaire total) à des organismes qu’on estime très efficaces.

Gagner pour donner n’est pas réservé aux personnes qui travaillent dans les secteurs les mieux rémunérés, et concerne quiconque vise à gagner plus pour donner plus. Mais si votre profil convient particulièrement à une carrière très rémunératrice, c’est peut-être l’une des options à plus fort impact que vous ayez à votre disposition.

Voici l’histoire de Julia et Jeff, un couple avec trois enfants habitant Boston. Au cours de sa relation avec Julia, Jeff, alors technicien de recherche, s’est mis à envisager d’utiliser sa carrière pour faire le bien. Il a décidé de se former au métier d’ingénieur logiciel et a fini par décrocher un poste chez Google. Gagnant désormais plus de deux fois leur revenu précédent, Jeff et Julia ont commencé à donner environ la moitié de leur salaire à des organisations caritatives chaque année2.

Quartz : Jeff et Julia ont essayé de trouver le meilleur moyen de faire une différence.

Ainsi, leur contribution a été beaucoup plus importante qu’elle n’aurait pu l’être avec un emploi directement dans une organisation à but non lucratif. Voici l’impact de Jeff comparé à un impact de PDG d’une telle organisation3 :

Tableau comparatif d'impact4

Jeff disposait d’environ deux fois plus d’argent pour vivre que ce qu’il aurait gagné dans l’associatif, tout en donnant assez pour financer les salaires de deux PDG d’organismes à but non lucratif, et ce avec un poste dont l’impact direct était, selon lui, globalement neutre. En plus de cela, il s’estimait plus heureux dans sa vie professionnelle, parce qu’il aime le travail d’ingénieur.

De plus, Jeff et Julia avaient la possibilité de modifier à tout moment l’affectation de leurs dons en faveur d’organisations qui en avaient davantage besoin, selon les résultats de leurs recherches. Il est beaucoup plus difficile de changer de travail. Cette flexibilité vous est d’autant plus précieuse si vous n’avez pas de certitude sur quels problèmes seront les plus pressants à l’avenir.

Un tel impact est possible parce que (comme nous l’avons vu plus tôt) nous vivons dans un monde où les inégalités salariales sont gigantesques. Il est possible de gagner plusieurs fois la rémunération de quelqu’un qui travaille dans l’enseignement ou dans l’associatif, et beaucoup, beaucoup plus que les populations les plus pauvres de la planète. En revanche, les personnes qui donnent plus de quelques pourcents de leur revenu étant rares5, si vous souhaitez le faire, vous pouvez avoir un impact incroyable dans énormément d’emplois différents.

Nous avons vu précédemment que n’importe qui, dans un pays développé, peut avoir un impact majeur après des études supérieures en confiant 10 % de son revenu à un organisme à but non lucratif efficace. En moyenne, cette population gagne 70 000 € par an au cours d’une vie, et 10 % de cette somme pourraient sauver environ 40 autres vies s’ils étaient reversés, par exemple, à Against Malaria Foundation.

Si vous arriviez à gagner 10 % plus, et à les donner, vous auriez à nouveau deux fois plus d’impact. Et s’il y a, selon vous, de meilleures organisations à financer qu’Against Malaria Foundation – qui se consacrent peut-être à des problèmes différents, qui font de la recherche, ou qui effectuent un travail de communication sur des idées importantes –, alors vous pouvez encore augmenter votre contribution.

Depuis que nous avons introduit le concept de « gagner pour donner » en 2011, des centaines de personnes l’ont adopté et s’y sont tenues. Certaines reversent environ 30 % de leur revenu, et quelques-unes vont même jusqu’à plus de 50 %. Ensemble, ce sont des dizaines de millions de dollars qu’elles vont donner à des organisations à fort impact dans les années à venir. Ainsi, elles financent des gens passionnés qui veulent contribuer directement mais qui n’auraient pas eu les ressources nécessaires autrement.

Une des personnes que nous avons conseillées en 2011, Matt, a donné environ un million d’euros avant même d’avoir atteint les 30 ans, et a fait l’objet d’un article dans le New York Times. Il a également constaté que son nouveau travail lui plaisait davantage.

« Les conseils de carrière de 80,000 Hours m’ont beaucoup aidé, notamment en me suggérant des manières d’améliorer mon bien-être au travail. »

Lire l’histoire d’Allan

La voie « gagner pour donner » est-elle faite pour vous ?

Cette stratégie a été une de nos idées les plus mémorables et les plus controversées. Elle a reçu l’attention de la BBC, du Washington Post, du Daily Mail et de bien d’autres médias.

À cause de ce contexte, on croit souvent qu’il s’agit de notre recommandation no 1. Mais ce n’est pas le cas.

Pour nous, il s’agit plutôt d’un référentiel de base. C’est une voie dans laquelle beaucoup pourraient se lancer et accomplir de belles choses – à l’échelle d’une centaine de vies sauvées ou plus, comme nous venons de le voir.

Mais nous pensons que la majorité de notre lectorat pourrait avoir un impact encore plus important en suivant une des autres approches ci-dessous. Selon nous, sur l’ensemble des individus à qui nous offrons des conseils personnalisés, 10 % seulement devraient gagner pour donner.

En fait, Jeff a quitté son emploi bien payé chez Google en 2022. Il est maintenant chercheur au Nucleic Acid Observatory et travaille sur un système de surveillance des eaux usées qui pourra, il l’espère, aider à détecter les pandémies potentielles avant qu’elles ne commencent. Jeff et Julia continueront à reverser 30 % de leur revenu, mais partent du principe que le nouveau salaire de Jeff étant plus bas, la majorité de leur impact positif viendra directement de leur travail.

Alors, comment savoir si « gagner pour donner » est une stratégie prometteuse pour vous ?

  • S’il y a un poste très rémunérateur auquel votre profil vous semble particulièrement adapté, comme Jeff pour le développement logiciel, et que d’autres options qui auraient de l’impact ne vous conviennent pas. (Ne vous lancez surtout pas dans le développement logiciel si c’est quelque chose que vous allez détester !)
  • S’il y a un métier en particulier que vous avez vraiment envie de faire pour des raisons différentes mais qui vous permettrait également de faire des dons importants. Par exemple, peut-être que vous avez toujours voulu devenir médecin, ou qu’un bon salaire vous est nécessaire pour subvenir aux besoins de votre famille.
  • Si vous pensez qu’un poste très bien payé est un moyen intéressant de développer des compétences (que vous pourrez employer de manière plus directe plus tard) et que gagner pour donner vous permettrait de ne pas vous déconnecter de votre volonté d’impact social d’ici là. Par exemple, travailler chez une start-up dans la tech serait l’occasion d’acquérir des compétences d’organisation également utiles pour la gestion d’un organisme à but non lucratif. (Dans l’article suivant, nous allons expliquer l’importance du « capital professionnel ».)
  • Si vous ne savez vraiment pas quels sont les problèmes les plus pressants. Gagner pour donner vous octroie une certaine souplesse : vous pouvez changer l’affectation de vos dons ou même garder la somme de côté et la reverser plus tard. (Mais il n’y a pas que l’argent qui permette cette flexibilité ! Beaucoup de compétences, et notamment celles dont nous traitons plus bas, sont transférables d’un domaine à l’autre.)
  • Si le secteur auquel vous voulez contribuer a surtout besoin de financements et pas tellement de nouveaux cerveaux disponibles.

Quelques objections typiques à la stratégie « gagner pour donner »

Pour en apprendre davantage sur la stratégie « gagner pour donner », ses avantages et les principales réticences qu’elle suscite, voir notre article complet :

Approche no 2 : transmettre des idées

Voici deux options :

  1. Gagner pour donner vous-même.
  2. Persuader deux proches de gagner pour donner.

La seconde a davantage d’impact positif – à peu près deux fois plus, en fait. C’est un exemple parlant du potentiel des carrières dans la communication.

Beaucoup des personnes qui ont eu le plus d’impact dans notre histoire étaient, d’une façon ou d’une autre, des porte-parole – en diffusant des idées importantes et des solutions à des problèmes urgents.

Prenez Rosa Parks, qui a refusé de donner son siège à un homme blanc dans le bus. La campagne de protestation qui a suivi son acte a abouti à une décision de la Cour suprême des États-Unis déclarant anticonstitutionnelle la ségrégation dans les bus. Parks gagnait sa vie en tant que couturière, mais était très impliquée dans le mouvement pour les droits civiques sur son temps libre. Après son arrestation, elle a travaillé dur et surtout stratégiquement, main dans la main avec la NAACP. Leurs nuits blanches ont permis d’imprimer des milliers de tracts et d’appeler à un boycott total des bus dans une ville peuplée de 40 000 Afro-Américains et Afro-Américaines, mais aussi de faire avancer leurs actions en justice. Cela a permis des progrès majeurs pour la lutte contre le racisme.

Beaucoup des personnes qui ont eu le plus d’impact dans notre histoire étaient des porte-parole à leur façon, et on peut devenir porte-parole dans n’importe quel emploi. Rosa Parks travaillait comme femme de ménage et couturière avant de s’illustrer dans les droits civiques.

Il y a également de nombreux exemples dont on n’entend jamais parler. On peut citer Victor Zhdanov, qui fait sans doute partie des figures du xxe siècle qui ont eu le plus d’impact.

Au xxe siècle, la variole a tué environ 400 millions de personnes – c’est bien plus de morts que n’en ont fait l’ensemble des guerres et des famines politiques sur la même période. La disparition de la maladie est souvent attribuée à D. A. Henderson, qui était en charge du programme d’éradication de la variole de l’Organisation mondiale de la santé, mais ce programme existait déjà avant l’arrivée de Henderson. En fait, il avait commencé par refuser le poste ; et même si en fin de compte il ne l’avait pas accepté, le programme aurait sans doute été un succès.

C’est Zhdanov qui a mené, seul, une campagne de lobbying pour pousser l’OMS à préparer ce programme d’éradication. Sans son implication, il n’aurait pas été lancé de sitôt et n’aurait peut-être jamais vu le jour.

Le lobbying de Viktor Zhdanov à l’OMS a permis le lancement de la campagne d’éradication de la variole, avançant de plusieurs années l’élimination de la maladie.

Comment se fait-il que la communication d’idées importantes soit parfois aussi efficace ?

D’abord, les idées se propagent vite. Les diffuser peut permettre à un groupe de personnes restreint d’avoir un grand impact dans un domaine. Une équipe, même petite, peut initier un mouvement social, faire pression sur un gouvernement, influencer l’opinion publique au moyen d’une campagne, ou, tout simplement, persuader des proches de rejoindre la cause. Quel que soit le procédé utilisé, son impact sur le problème peut être durable et dépasser de loin ce que ce groupe aurait pu accomplir directement.

Ensuite, la diffusion d’idées sociales importantes avec prudence et stratégie fait partie des méthodes négligées. Pourquoi ? Parce qu’il n’y a en général pas d’intérêt économique à ces revendications sociales. Les personnes qui se lancent là-dedans sont celles qui veulent consacrer leur carrière à la construction d’un monde meilleur. En outre, ce travail de communication a bien plus d’impact lorsque les idées diffusées ne sont pas encore largement acceptées. S’opposer au statu quo peut être une position inconfortable, et l’opinion publique met parfois des dizaines d’années à changer. Il n’y a donc pas non plus beaucoup d’intérêt personnel à se battre pour de telles idées.

C’est également un domaine où les grandes réussites peuvent avoir beaucoup plus d’impact que la moyenne pour les mêmes efforts fournis. Les porte-parole les plus efficaces influencent des millions d’individus, tandis que d’autres auront peut-être du mal à persuader qui que ce soit hors de leur cercle social. Donc, si la communication d’idées est une voie particulièrement adaptée à votre profil, c’est en général le choix le plus pertinent pour vous, et vous avez de bonnes chances d’accomplir beaucoup plus en vous en chargeant vous-même qu’en finançant quelqu’un d’autre pour s’exprimer ou militer à votre place.

Les carrières dans la communication d’idées peuvent être des emplois à temps plein (comme pour beaucoup de métiers dans les médias), des éléments constitutifs d’un poste plus large (comme pour les universitaires qui font de la communication scientifique) ou des activités menées en parallèle de n’importe quel travail (comme pour Rosa Parks).

En fin de compte, Bono a peut-être rattrapé l’impact négatif qu’a eu son chant sur la planète en alertant sur la gravité de la pauvreté dans le monde.

Les carrières dans la communication d’idées se concentrent sur la diffusion d’informations à grande échelle, mais il est également possible d’avoir un impact similaire à un niveau plus personnel, en contribuant au développement d’une communauté.

Par exemple, Susan B. Anthony, militante pour les droits des femmes aux États-Unis, détestait écrire. Donc, tandis qu’Elizabeth Cady Stanton, grande communicatrice avec qui elle a cofondé la Women’s Loyal National League, rédigeait de longs livres et mettait en forme la lettre d’information hebdomadaire de l’association, Anthony se focalisait avant tout sur l’aspect organisationnel et communautaire.

Susan B. Anthony et Elizabeth Cady Stanton ont collaboré pendant plus de 50 ans à la direction du mouvement suffragiste. Stanton se consacrait à la communication d’idées, et Anthony se chargeait de la gestion, des événements et du développement du mouvement.

Ce travail d’organisation d’événements, de discussion avec les activistes et de renforcement de la communauté suffragiste aux États-Unis a finalement conduit à l’adoption du 19ᵉ amendement de la Constitution des États-Unis garantissant le droit de vote à toutes les femmes adultes, souvent appelé « amendement Anthony » en son honneur.

Le travail communautaire est généralement une bonne option à temps partiel. Par exemple, Kuhan étudiait à Stanford lors de sa découverte de 80,000 Hours, qui lui a permis de prendre conscience de l’importance de la réduction des risques existentiels. Constatant qu’aucune organisation sur le campus ne se consacrait à cette cause, Kuhan a fondé la Stanford Existential Risk Initiative, qui présente des cours et des conférences sur ce sujet afin de cimenter une communauté étudiante désireuse de travailler à la lutte contre ces risques.

« Je me souviens du moment où j’ai ouvert le site de 80,000 Hours. Je me suis dit : “C’est exactement ce que je cherchais. C’est incroyable.“ »

Écouter l’histoire de Kuhan

Si une carrière dans la communication d’idées vous tente, consultez notre article complet :

Approche no 3 : faire de la recherche

On a tendance à se représenter les universitaires comme des intellos dans leur tour d’ivoire qui écrivent des articles de recherche et qui n’ont aucun impact sur le réel. Et cette idée reçue ne sort pas de nulle part : le monde universitaire souffre de nombreux problèmes qui limitent la portée des travaux des chercheurs et chercheuses. Mais nous sommes tout de même d’avis que la recherche permet souvent des avancées considérables, que ce soit dans le monde universitaire ou non.

Au même titre que celles qui communiquaient des idées, beaucoup des personnes ayant eu le plus d’impact dans l’histoire faisaient de la recherche. Prenons Alan Turing, mathématicien qui, avec sa contribution aux outils de décryptage, a permis aux forces alliées d’être beaucoup plus performantes contre les U-Boot nazis au cours de la Seconde Guerre mondiale. Des spécialistes de l’histoire estiment que, grâce à lui, la guerre a été raccourcie d’un an6. La Seconde Guerre mondiale ayant causé 10 millions de morts par an, Turing aurait ainsi sauvé environ 10 millions de vies.

Et il a inventé l’ordinateur.

Turing a contribué au développement de l’ordinateur. Malheureusement, il a été poursuivi en justice pour homosexualité, ce qui a peut-être fait partie des raisons de son suicide en 1954.

L’exemple de Turing est très parlant : des recherches peuvent être théoriques et avoir énormément d’impact. Une grande part de ses travaux concernait des concepts mathématiques de la théorie informatique, qui n’avaient pas d’application pratique à l’origine mais qui sont devenus importants plus tard.

Pour ce qui est de la recherche appliquée, nous avons vu dans un article précédent de nombreux cas d’école d’avancées en recherche médicale qui ont eu beaucoup d’impact.

Bien sûr, n’est pas Alan Turing qui veut, et toutes les découvertes ne sont pas suivies d’une application pratique. Mais nous pensons que, dans certaines situations, la recherche peut être une des meilleures façons d’avoir un impact. Pourquoi ?

Premièrement, les découvertes intellectuelles peuvent se diffuser pour des coûts dérisoires. Une carrière peut ainsi complètement métamorphoser un domaine à elle seule. De plus, les idées nouvelles s’accumulant au fil du temps, la recherche contribue de façon significative au progrès à long terme.

Pourtant, relativement peu de personnes travaillent dans la recherche. Les universitaires représentent seulement 0,1 % de la population mondiale7, et cette proportion était encore plus faible par le passé. Si quelques individus sont responsables d’une part considérable du progrès, alors en moyenne, les efforts de chacun d’entre eux sont très importants.

Deuxièmement, la recherche est si peu rémunératrice par rapport à son apport à l’humanité que si vous avez vraiment plus d’intérêt pour l’impact social que pour le profit, c’est une bonne opportunité. La plupart des chercheurs et chercheuses ne deviennent pas riches, même quand leurs avancées sont extrêmement précieuses. Turing n’a rien touché pour la découverte de l’ordinateur, qui aujourd’hui est un secteur industriel qui vaut des milliards de dollars. Ce n’est pas rare : les progrès de la recherche ont souvent des retombées loin dans l’avenir, et ne peuvent en général pas être protégés par brevets.

En fait, plus ces recherches sont fondamentales, plus elles sont difficiles à commercialiser. Donc, toutes choses égales par ailleurs, on s’attendrait à ce que la recherche fondamentale soit sous-étudiée par rapport à la recherche appliquée, et donc à plus fort impact. D’un autre côté, tout ce qui est appliqué pouvant être plus pertinent à court terme – des avancées comme le microscope peuvent accélérer les percées en sciences fondamentales –, on ne peut pas affirmer avec certitude que l’une ou l’autre de ces approches a plus d’impact en moyenne.

Donc, en théorie, la recherche peut permettre de faire de grandes choses. Mais contribue-t-elle vraiment à la résolution des problèmes les plus urgents aujourd’hui ?

À notre avis, oui. Pour la réduction de beaucoup des problèmes qui nous inquiètent tout particulièrement – comme les risques de pandémies futures ou les menaces liées aux systèmes d’IA –, la ressource qui manque le plus, c’est de la recherche.

Par exemple, elle pourrait nous aider à diminuer les délais entre l’apparition d’un nouvel agent pathogène et la distribution à grande échelle d’un vaccin sûr. Ou bien, la recherche technique sur l’apprentissage automatique pourrait nous permettre d’intégrer des dispositifs de sécurité à nos systèmes d’IA pour empêcher les comportements dangereux. Si vous voulez trouver d’autres exemples ou bien une idée générale de ce sur quoi vous pourriez travailler dans différents domaines, consultez cette liste de sujets de recherche à fort impact potentiel, triés par discipline.

Comme la communication d’idées, la recherche est un domaine particulièrement prometteur si vous avez une forte adéquation personnelle pour cette carrière : le haut du panier des scientifiques a de bien meilleures performances que la médiane. La plupart des publications n’affichent qu’une seule citation, tandis que celles qui font partie du top 0,1 % en ont plus de 1 000. Et lorsque nous avons mené une étude de cas sur la recherche biomédicale, nous avons beaucoup entendu ce genre de remarque :

Une personne talentueuse peut faire le travail de cinq individus, et je n’exagère pas.

Si vous avez des chances de faire partie du top 20 % des chercheurs et chercheuses sur une question pertinente par rapport à un problème urgent, c’est sans doute l’une de vos meilleures options en termes d’impact. Et si vous êtes susceptible d’atteindre un niveau exceptionnel dans un domaine académique (vers le top 5 %), même si, pour l’instant, vous ne voyez pas ce que ça pourrait apporter, c’est aussi une possibilité que vous feriez probablement mieux d’envisager sérieusement.

Comme nous l’avons vu précédemment, le Dr Nalin a contribué à sauver des millions de vies grâce à une simple innovation : donner à des malades souffrant de diarrhée de l’eau mélangée à du sel et du sucre.

La plupart des travaux de recherche se font dans le cadre universitaire, mais il y a également de nombreuses possibilités d’emploi ailleurs. Beaucoup d’entreprises privées développent des technologies cruciales – BioNTech est maintenant célèbre pour la découverte du premier vaccin contre la COVID8 –, et les think tanks mènent souvent des études importantes en matière de gouvernance.

Exemple : Neel était en licence de mathématiques quand il a décidé qu’il voulait se lancer dans la sûreté de l’intelligence artificielle. Notre équipe a pu lui présenter des personnes travaillant dans ce domaine, et l’a aidé à trouver des stages dans des groupes de recherche universitaires et industriels. Cette expérience lui a permis de voir la sûreté de l’intelligence artificielle comme un parcours concret et de constater, malgré son scepticisme vis-à-vis du long-termisme, que l’IA fait peser des risques majeurs, y compris pour des personnes vivantes à l’heure actuelle. Peu enthousiaste à l’idée d’une carrière universitaire – il déteste écrire des articles –, il a présenté sa candidature à des laboratoires commerciaux de recherche sur l’IA. Il est maintenant ingénieur de recherche chez DeepMind. Il travaille sur l’interprétabilité mécanistique, sujet qui selon lui pourra aider, à l’avenir, à identifier des systèmes d’IA potentiellement dangereux avant qu’ils ne puissent causer de problèmes.

« Parler avec l’équipe de 80,000 Hours m’a beaucoup aidé à envisager une future carrière dans la recherche sur la sûreté de l’intelligence artificielle de façon plus concrète et réaliste, et à décider de faire mes premiers pas dans cette direction. »

Lire l’histoire de Neel

Vous trouverez ici notre guide complet sur la recherche à fort impact, à l’université comme en dehors :

Travailler dans la recherche

N’oubliez pas les postes de support

On ne croirait pas que l’administration d’une université soit une carrière à fort impact, mais c’est justement pour ça que c’en est une. Pour avancer, la recherche a besoin d’administration, de management, de personnes distribuant les subventions, et de communication. Ces postes nécessitent souvent des personnes très compétentes qui comprennent les travaux dont il est question, mais, n’étant ni glamour ni très bien payés, ils ont parfois du mal à attirer les profils intéressants. Donc, si vous avez une bonne adéquation personnelle pour ce genre d’emploi, c’est une piste prometteuse. Le plus important, ce n’est pas de savoir qui s’occupe de la recherche, c’est que le travail soit fait.

Parlons de Seán Ó hÉigeartaigh, pour qui nous avons une profonde admiration. Il a commencé par se diriger vers un doctorat en génomique comparative, avant de finalement choisir la gestion de projets universitaires. Il est devenu manager au Future of Humanity Institute, organisme menant des recherches qui manquent ailleurs sur les dangers existentiels émergents, comme les risques liés à l’IA et les potentielles pandémies artificielles. Il a abattu un travail considérable en coulisse pour faire avancer le projet lorsque les financements ont décollé. Quand l’opportunité de la création d’un nouveau groupe de recherche à Cambridge s’est présentée, il s’est servi de ce qu’il avait appris pour coordonner les actions là-bas également – et, à un moment donné, a managé les deux groupes. Sans son travail de gestion, les progrès du secteur auraient été beaucoup plus lents.

Si c’est le genre de poste qui peut vous intéresser, le meilleur parcours sera en général le suivant : passer un doctorat, choisir un domaine puis poser votre candidature auprès de groupes de recherche. Pour être efficace, il vous faut à la fois une bonne connaissance du sujet et des compétences opérationnelles. Pour en savoir plus sur les carrières en gestion de projet de recherche, voir ici

Approche no 4 : travailler dans la gouvernance et la réglementation

Quand on pense « carrières qui permettent de faire une différence », on ne pense généralement pas à un travail de bureaucrate invisible au gouvernement. Mais les hauts fonctionnaires pilotent souvent des budgets de dizaines, voire centaines de millions de dollars. Si vous arriviez à faire en sorte que ces dépenses gagnent en efficacité ne serait-ce que de 2 ou 3 %, les bons programmes recevraient des millions de dollars en plus. Et, de manière plus globale, votre influence peut être énorme dans des postes gouvernementaux.

Suzy Deuster, par exemple, voulait devenir avocate publique, pour assurer une défense juridique digne de ce nom aux personnes défavorisées. Elle a finalement réalisé que, certes, ce métier lui permettrait d’améliorer le sort de centaines d’individus face à la justice sur l’ensemble de sa carrière, mais qu’en travaillant plutôt sur des changements de législation, elle pourrait faire progresser le système judiciaire pour des milliers, voire des millions d’entre eux. Même avec un impact par personne plus restreint, elle pourrait avoir une contribution plus importante grâce au nombre. Sa formation en droit lui a permis d’entrer au gouvernement, et elle travaille maintenant à des réformes de la justice pénale au Bureau exécutif du président des États-Unis. De là, elle pourra également explorer de nouveaux domaines de loi à l’avenir.

Les gouvernements sont souvent cruciaux dans la résolution de beaucoup des problèmes que nous mettons le plus en avant, parce que ce sont les seules institutions pouvant créer et faire appliquer lois et réglementations.

Par exemple, seul un gouvernement peut interdire l’élevage en batterie pour les poules pondeuses.

Ce sont aussi des entités qui peuvent régler des soucis de coordination difficiles à gérer de façon individuelle. Lors de la pandémie de COVID-19, le traçage des cas contacts était nécessaire pour réduire la propagation du virus, mais ce n’était dans l’intérêt personnel d’aucun individu de participer. Les gouvernements sont intervenus pour fournir ces services, au bénéfice de la société dans son ensemble.

Les postes dans le domaine de la réglementation pouvant demander des compétences très diverses, il y aura certainement une option à fort impact pour vous.

Voir notre guide complet sur les possibilités d’impact au gouvernement :

Approche no 5 : participer au développement d’organismes

Quand on pense « carrières qui permettent de faire une différence », travailler dans une association fait, pour le coup, bel et bien partie des premières options qu’on a en tête.

Mais voilà : beaucoup d’emplois dans ces organismes n’ont pas tant d’impact que ça.

Certains d’entre eux consacrent leur énergie à des programmes qui ne fonctionnent pas, comme Scared Straight, qui a en fait empiré la délinquance juvénile. D’autres optent pour des méthodes qui ne permettent pas suffisamment d’effet de levier, à l’image de Superman combattant le crime individu par individu, ou du Dr Landsteiner s’il s’était concentré sur les opérations au lieu de faire le travail de recherche qui a conduit à sa découverte des groupes sanguins.

Et ce ne sont pas les seuls problèmes. Ce qui manque aux organismes de bienfaisance où vous êtes susceptible de vouloir travailler, en général, ce sont les financements, pas les bras enthousiastes : si vous ne prenez pas le job, il sera facile de trouver quelqu’un d’autre qui sera à peu près aussi apte. Imaginez un avocat ou une avocate qui irait faire du bénévolat dans une soupe populaire. C’est peut-être quelque chose qui lui semblera motivant, mais c’est loin d’être son option la plus efficace. Faire don d’une ou deux heures de salaire lui permettrait de financer le travail de plusieurs personnes à cette même soupe populaire, et offrir bénévolement des services juridiques serait une contribution qui ferait usage de ses compétences précieuses.

En revanche, il y a beaucoup de situations où travailler pour un organisme à but non lucratif est effectivement l’option la plus efficace.

Ces organisations peuvent s’occuper de causes inaccessibles aux autres. Elles peuvent mener des recherches sous-étudiées par les universités car pas assez prestigieuses, militer en faveur de groupes qui ne peuvent pas le faire eux-mêmes, comme les animaux et les générations futures, et fournir des services qui ne seraient jamais rentables sur le marché.

Beaucoup de ces organismes à but non lucratif font un travail formidable, et ont besoin de bras supplémentaires capables de participer à leur construction et leur accroissement. Il y a également de nombreux secteurs de niche qui ne reçoivent pas assez d’attention et qui nécessiteraient l’intervention de nouvelles associations.

De façon plus générale, participer à la construction d’une organisation peut être une contribution très précieuse. En effet, ce sont des entités qui permettent à des groupes de personnes de se coordonner, et donc d’atteindre un impact plus grand que ce qu’elles auraient pu accomplir individuellement. Sans compter que vous pouvez continuer d’avoir un impact après votre départ.

Idem si vous arrivez à améliorer, même légèrement, l’efficacité d’une organisation préexistante qui fait déjà de belles choses.

Clare a été la troisième employée du Lead Exposure Elimination Project (LEEP). Elle a rejoint cet organisme en se disant que ce poste lui permettrait d’accumuler du capital professionnel – en termes de compétences et de réseau en particulier – et, surtout, de travailler sur le problème fondamental, résoluble et hautement négligé de l’exposition au plomb dans les pays à revenus faibles et intermédiaires. Depuis, Clare a étoffé les programmes du LEEP, managé l’équipe chargée de leur mise en œuvre et mené le recrutement d’employés et employées d’une importance cruciale ; et le LEEP a commencé à travailler avec des gouvernements ainsi que des entreprises dans 16 pays. Ses actions ont notamment contribué à la réglementation de la présence du plomb dans la peinture de la part du gouvernement du Malawi.

Ces organismes n’ont même pas besoin d’être à but non lucratif. Certains projets fonctionnent mieux avec une structure d’entreprise, et peuvent également inclure des think tanks, groupes de recherche, groupes de défense, etc.

Par exemple, Sendwave permet aux migrants et migrantes d’origine africaine qui envoient une partie de leurs revenus professionnels à leur famille via application mobile de réaliser ces transferts d’argent avec seulement 3 % de frais, au lieu des 10 % de Western Union. Ainsi, pour chaque dollar de chiffre d’affaires, Sendwave enrichit de plusieurs dollars certaines des populations les plus défavorisées de la planète. En trois ans, l’impact de l’entreprise était déjà équivalent à des millions de dollars de dons, et elle a encore grandi depuis. C’est un marché qui vaut des centaines de milliards de dollars au total, soit plusieurs fois l’ensemble des dépenses en aide internationale. Chaque accélération du déploiement de méthodes qui permettent de transférer de l’argent à moindre coût par Sendwave aura un impact très important.

Lincoln a fondé une entreprise à but lucratif dont le produit bénéficie aux populations les plus pauvres du monde.

Les carrières dans le développement d’organismes sont bien adaptées aux personnes qui peuvent développer des compétences dans les domaines des opérations, du management, de la collecte de fonds, de l’administration, des systèmes logiciels ou de la finance, par exemple. 

Le parcours type consiste à d’abord vous concentrer sur l’acquisition de certaines de ces compétences (ce que vous pourrez faire dans n’importe quel organisme reconnu), puis les utiliser pour contribuer aux structures qui vous semblent avoir le plus d’impact.

Pour trouver de telles structures, faites le point sur les problèmes qui sont prioritaires à vos yeux, puis essayez d’identifier les meilleures organisations parmi celles qui se consacrent à leur résolution. (Si vous voulez des idées, allez voir nos recommandations à ce sujet dans notre liste d’enjeux prioritaires. Vous pouvez également consulter ce répertoire.) Enfin, isolez celles qui ont le plus besoin de vos compétences et qui pourraient offrir un poste particulièrement bien taillé pour vous.

Pour en savoir plus, rendez-vous sur notre guide complet :

Et si vous voulez créer une telle structure ?

Une erreur courante consiste à tenter d’identifier ce qui pourrait manquer au paysage des organismes caritatifs sans bouger de son fauteuil, ou à choisir un enjeu qu’on vient tout juste de découvrir.

Ne faites pas ça. Renseignez-vous sur les problèmes sociaux importants et sous-étudiés. Trouvez un emploi dans le domaine sélectionné, continuez d’apprendre et parlez à beaucoup de personnes qui travaillent sur votre problème pour déterminer la pierre qui manque vraiment à l’édifice. Il vous faudra une connaissance de l’ensemble du domaine avant de pouvoir trouver les idées qui seront passées sous le radar de tout le monde, et d’avoir le réseau dont vous aurez besoin pour les faire fonctionner. Pour en savoir plus, consultez notre profil complet sur la création d’organisations à fort impact.

Des idées supplémentaires de carrières pour faire une différence

Les cinq catégories ci-dessus ne sont pas exhaustives. Beaucoup d’options très intéressantes n’entrent pas spontanément dedans.

Par exemple, les organismes qui travaillent à la prévention de catastrophes biologiques ou liées à l’IA ont désespérément besoin de spécialistes de la sécurité de l’information. Non seulement ces profils sont rares, mais peu mettent leur carrière à profit pour résoudre les problèmes urgents en question.

Consultez nos analyses de carrières pour un panel d’idées beaucoup plus fourni (mais toujours pas exhaustif) :

Mise en garde : pouvoir, préjudice et corruption

Sam Bankman-Fried a créé la plateforme d’échange de cryptomonnaies FTX avec pour objectif affiché de gagner pour donner. Il est rapidement devenu le moins de 30 ans le plus riche de la planète et a offert des dons considérables à des causes pressantes9. Nous le présentions autrefois sur notre site comme un modèle d’individu menant une carrière à fort impact.

Sam est aujourd’hui en prison pour fraude, FTX a fait faillite, et des milliards de dollars ont disparu des fonds des clients et clientes.

Cet épisode a fait beaucoup de tort aux particuliers qui détenaient de l’argent sur FTX et à la société, en termes de préjudices directs (les pertes financières) comme indirects (l’activité criminelle). Il est également possible qu’il ait entaché la réputation des causes qu’il soutenait et celle du concept de gagner pour donner en général. Notre équipe s’est sentie trahie et bouleversée lorsqu’elle a appris ce qui s’était passé, et nous avons honte de l’avoir cité comme exemple autrefois (voir la page sur nos erreurs).

Aujourd’hui, le doute n’est plus permis : même si Sam s’est dit que les gains potentiels justifiaient les risques, il a eu profondément tort.

En quoi cela pourrait-il vous concerner ? Chacun des cinq parcours abordés dans cet article vous présente des moyens d’accroître considérablement votre contribution potentielle à la résolution d’un problème.

Mais en général, plus vous avez la capacité de contribuer, plus vous risquez aussi d’infliger du mal, que ce soit en commettant une erreur importante, en soutenant les mauvaises causes ou en agissant de manière contraire à l’éthique.

De plus, vous risquez de rencontrer davantage de tentations de mal agir à mesure que vous gagnez en capacité d’influence sur le monde. Ce n’est pas pour rien que l’expression « le pouvoir corrompt » est un cliché.

C’est sans doute difficile à concevoir en tout début de carrière, mais si vous vous retrouvez dans une position de pouvoir au sein du gouvernement, à la tête d’une vaste organisation, ou si vous jouissez d’un certain niveau de notoriété ou de richesse, vous serez susceptible de vous retrouver dans des situations où agir de manière éthique menacerait l’influence considérable que vous avez – l’exemple type étant la politique, où une personne peut mentir pour rester en poste. Et ce même si ce n’était pas dans votre propre intérêt que vous cherchiez à avoir ce pouvoir au départ.

Vous risquez également de vous trouver face à des dilemmes éthiques compliqués, comme devoir occuper un poste qui vous semble en partie nocif dans l’objectif d’avoir un impact positif potentiellement beaucoup plus important à long terme.

Et typiquement, plus vous gagnerez en influence, plus les autres craindront d’afficher leur désaccord avec vous de peur des conséquences potentielles. Il vous sera donc plus difficile de prendre de bonnes décisions au moment où vous en aurez le plus besoin.

De plus, vous êtes dans une position encore plus épineuse quand vous vous consacrez à des enjeux particulièrement importants et négligés : en cas de bourde, vous faites reculer une cause plus cruciale, et votre potentiel de dégâts est amplifié par le faible nombre de personnes qui travaillent dessus.

Nous avons pour principe général de déconseiller de commettre des actes répréhensibles ou d’exercer un métier à impact négatif dans l’optique du bien commun. Nous en avons parlé dans la section « gagner pour donner », mais c’est une situation qui peut se produire quelle que soit l’approche que vous choisissez d’adopter.

Il y a encore beaucoup à dire sur ces thèmes, et nous les creusons dans notre série d’articles avancés.

C’est aussi l’une des raisons pour lesquelles le développement de qualités éthiques est une part importante du capital professionnel, ce qui sera abordé dans le prochain article.

La bonne approche pour vous

Nous avons pu voir qu’en réfléchissant de manière plus large – la stratégie « gagner pour donner », la communication d’idées, la recherche, la gouvernance et la réglementation, et le développement d’entreprises et associations –, on trouve de nombreuses manières de contribuer largement à des problèmes urgents.

Comment faire votre choix entre ces grandes catégories ?

Le plus important, c’est votre degré d’adéquation personnelle : vous pourrez bâtir une carrière à fort impact dans n’importe laquelle de ces catégories si vous avez les compétences.

Il y a un principe général tout au long de cet article qu’il est crucial de garder en tête : les personnes qui réussissent le mieux dans un domaine ont beaucoup plus d’impact que l’individu moyen. Par exemple, une étude de référence sur les performances remarquables a fait la constatation suivante10 :

Quel que soit le secteur, une petite portion de la main-d’œuvre est responsable de la majorité du travail. La plupart du temps, une élite constituée des 10 % les plus prolifiques accomplit environ 50 % de toutes les contributions tandis que les 50 % les moins efficaces ne produisent que 15 % de la masse totale de travail, et la personne qui contribue le plus est en général environ 100 fois plus prolifique que celle qui contribue le moins.

Comme on l’a vu dans la partie sur le choix de votre domaine d’action, l’approche la plus efficace pour vous sera donc celle qui vous plaît, qui vous motive et qui correspond bien à ce que vous savez faire.

Parfois, nous échangeons avec des personnes qui envisagent de faire un travail qu’elles détesteraient pour maximiser leur impact. C’est probablement une mauvaise idée : elles vont s’épuiser, et leur exemple risque de décourager d’autres personnes de consacrer leur carrière à des fins altruistes.

Si vous excellez dans un travail associatif, vous aurez sûrement plus d’impact qu’avec une carrière « gagner pour donner » médiocre dans le développement logiciel, et inversement.

Nous traitons l’importance de l’adéquation personnelle et les méthodes pour identifier quelle est la meilleure carrière pour vous dans la suite du guide.

Mais ne vous inquiétez pas si vous avez des doutes – c’est normal. Trouver chaussure à son pied prend souvent des années. Si vous commencez tout juste votre parcours, vous pouvez très bien vous contenter de quelques lignes directrices vagues au début et préciser tout ça par la suite.

Et même si l’adéquation personnelle est un paramètre important, il ne faut pas limiter ses choix trop vite. Comme vu précédemment, on a tendance à sous-estimer sa propre capacité à se passionner pour un nouveau travail. Alors ratissez large pour vous donner une chance de développer un intérêt envers des approches différentes, et ensuite vous concentrer sur ce qui marche bien.

Nul besoin non plus de vous limiter à votre expérience actuelle. 80 000 heures, c’est long, vous avez largement le temps d’apprendre de nouvelles compétences.

Adéquation personnelle mise à part, gardez en tête qu’il n’y a pas une solution unique et universelle à tous les problèmes qui soient. Concentrez-vous sur les approches les plus nécessaires dans les domaines sur lesquels vous voulez travailler. Par exemple, l’enjeu du cancer du sein n’a pas besoin de davantage de sensibilisation : tout le monde ou presque sait que le cancer du sein est un problème. Ce dont il a besoin, c’est sans doute plutôt de cerveaux compétents supplémentaires qui pourront produire de meilleurs traitements. Si vous vous contentez d’alerter l’opinion publique, vous n’irez pas loin malgré vos efforts. Nous tâchons de mettre en valeur les qualifications dont il y a le plus besoin pour chaque domaine dans notre liste d’enjeux.

Dites-vous également que ces approches ne sont pas mutuellement exclusives et que vous pouvez en choisir plusieurs à la fois ou créer des mélanges intéressants. Par exemple, dans l’enseignement, vous aidez vos élèves (impact direct), mais vous pouvez aussi travailler sur de nouvelles méthodes éducatives (recherche) ou informer vos élèves de problèmes urgents (communication d’idées). Nous connaissons quelqu’un qui, à côté de son métier de prof, a fait du soutien scolaire privé pour avoir plus d’argent à donner (stratégie gagner pour donner). Comme nous l’avons vu, votre impact dépend souvent davantage de ce que vous faites de votre poste que de votre poste en lui-même.

Conclusion : quel travail choisir pour avoir le maximum d’impact ?

Il y a beaucoup plus de voies qui peuvent vous permettre d’aider les autres via votre carrière que celles auxquelles on a l’habitude de se cantonner. Elton John, chanteur, a sauvé des milliers de vies en gagnant pour donner. Rosa Parks, couturière, a contribué à lancer le mouvement des droits civiques aux États-Unis grâce à la communication d’idées et au militantisme. Alan Turing, mathématicien, a aidé à mettre fin à la Seconde Guerre mondiale à l’aide de ses recherches, et a également inventé l’ordinateur.

La plupart des gens ne sont pas des rock stars nées, mais même avec un salaire post-diplôme ordinaire, n’importe qui peut avoir un impact astronomique en gagnant pour donner, et littéralement sauver des centaines de vies. Et avec la communication d’idées, la recherche, la gouvernance et la construction d’organisations, on peut souvent faire encore mieux.

Élargir l’éventail des options envisagées peut vous permettre de trouver une voie qui soit non seulement à plus fort impact, mais aussi personnellement plus adéquate et plus satisfaisante.

Ainsi, même si vous ne souhaitez vous lancer ni dans la médecine ni dans l’enseignement, vous pouvez accomplir beaucoup plus de choses grâce à votre carrière que vous ne le pensiez sans doute.

Appliquer ces idées à votre propre carrière

Avant de poursuivre, faites une première liste de carrières à fort impact qui pourraient constituer un objectif à long terme. Quelques pistes pour générer des idées :

  1. Pour chacune des cinq approches de l’article, essayez de trouver deux ou trois parcours plus spécifiques susceptibles d’être bien adaptés à vos compétences et de correspondre aussi à vos autres critères. Lequel pourrait le mieux vous convenir ?
  2. Reprenez la liste d’enjeux que vous avez dressée à la fin de la partie précédente. De quoi y a-t-il le plus besoin dans ces domaines ? Y a-t-il des parcours à votre portée qui pourraient répondre à ces besoins ?
  3. Consultez notre liste d’analyses de carrières et notez les idées supplémentaires que vous y trouverez.
  4. Y a-t-il d’autres parcours auxquels vous pensez pour lesquels vous avez un potentiel particulier, ou des opportunités uniques auxquelles les autres n’ont pas accès ? Ajoutez-les à votre liste également.
  5. Imaginez votre journée type idéale, heure par heure. Quels emplois pourraient correspondre à cette description ? Que feriez-vous, professionnellement, si l’argent n’était pas un souci ou si vous n’aviez plus que 10 ans à vivre ? Cela vous donne-t-il de nouvelles idées de carrières épanouissantes à long terme ?

Pour l’instant, l’objectif est de multiplier les options. Nous expliquerons comment faire le tri dans un article à venir.

Pour cet exercice, mieux vaut noter trop d’idées que pas assez. Nous parlons régulièrement à des personnes qui n’envisagent aucune piste qui ne soit pas étroitement liée à leur expérience passée, et c’est une erreur dans beaucoup de cas. Par exemple, pas besoin d’avoir étudié la politique pour travailler dans la gouvernance et la réglementation.

Il est souvent possible de trouver un emploi dans un nouveau domaine sans expérience spécifique, et, même si la transition nécessite quelques années, le jeu peut facilement en valoir la chandelle dans le contexte du reste de votre carrière. Surtout si vous n’avez pas terminé vos études : ce sur quoi vous avez travaillé jusqu’ici n’a que peu d’influence sur ce que vous allez faire plus tard.

Résumé du guide jusqu’ici

Nous avions vu précédemment qu’un travail agréable et satisfaisant :

  • Aide les autres ;
  • Correspond à vos compétences ;
  • Vous permet d’évoluer dans des conditions favorables (par exemple : tâches stimulantes, collègues qui vous soutiennent, bonne intégration au reste de votre vie).

Nous savons désormais que les emplois qui aident le plus les autres sont ceux :

  • Qui se concentrent sur les enjeux les plus urgents – de grande ampleur, sous-étudiés et possibles à résoudre –, comme vu ici ;
  • Qui abordent ces enjeux via une approche qui vous permet une contribution importante, notamment la recherche, la communication d’idées, la stratégie gagner pour donner, la gouvernance et la construction d’organisations, comme vu dans le présent article ;
  • Où vous avez l’opportunité d’exceller. Nous expliquerons par la suite comment déterminer les domaines pour lesquels votre adéquation personnelle sera la meilleure.

Faut-il se sacrifier pour contribuer davantage ?

C’est une question qu’on nous pose souvent : Dois-je renoncer à ce qui me plaît pour avoir un impact plus important ? Mais, comme nous l’avons vu plus haut, aider les autres demande moins de sacrifices qu’on ne pourrait le croire. Au contraire, c’est un paramètre qui fait partie intégrante d’un travail épanouissant, parce que c’est gratifiant. Et pour avoir un fort impact à votre travail, vous avez besoin de cet épanouissement, car vous risquez gravement de sous-performer et de vous épuiser si vous n’aimez pas ce que vous faites. Les deux vont souvent de pair.

Nous avons également vu qu’il y a beaucoup de façons d’avoir un impact important et certaines d’entre elles ne nécessiteront pas forcément d’énormes privations de votre part. Mieux vaut se concentrer sur ces stratégies très efficaces que sur vos sacrifices potentiels.

Il ne s’agit pas de dire que vous n’aurez jamais de compromis à faire. La carrière qui sera la plus intéressante pour vous personnellement a peu de chances d’être aussi celle qui profitera le plus au monde. Vous aurez bel et bien à décider à quel point vous êtes capable d’aider les autres contre vos propres intérêts. Mais heureusement, c’est un choix moins cornélien qu’il n’y paraît.

Comment me mettre dans la meilleure position pour travailler à un poste à fort impact ?

Certaines personnes peuvent traverser la rue et décrocher immédiatement leur job de rêve – celui qui remplit tous les critères ci-dessus. Et si c’est votre cas, foncez ! Mais beaucoup d’autres auront besoin d’étoffer leurs compétences, leur réseau, leurs diplômes et références, et certains aspects de leur personnalité. C’est ce que nous appelons le « capital professionnel ». Travailler là-dessus vous permet de vous ouvrir beaucoup plus de portes que ce que vous pensiez avoir jusqu’ici.

Dans le prochain article, nous allons voir comment développer son capital professionnel et prendre la bonne direction pour réussir à long terme. 

Prenez une pause

Notes et références
  1. Elton John est régulièrement classé parmi les célébrités les plus généreuses du Royaume-Uni. Ses dons ont permis la création d’Elton John AIDS Foundation.
    Mais il est difficile de dire précisément combien de vies il a sauvées.
    Il a confié 26,8 millions de livres sterling à des organismes de bienfaisance en 2016, et sans doute des montants similaires d’autres années. On peut partir du principe qu’il a reversé en tout des centaines de millions.
    Quelle a été l’efficience de ces dons ? Elton John s’est principalement concentré sur les interventions liées au VIH/SIDA dans les pays en développement. Selon nous, celles-ci ne font pas partie des interventions en santé mondiale présentant le meilleur rapport coût-efficacité. GiveWell, organisation indépendante qui se consacre à l’évaluation d’autres organismes caritatifs, a constaté que :
    Le VIH/SIDA est une des principales causes de décès chez l’adulte dans les pays en développement. Les traitements antirétroviraux peuvent prolonger et améliorer la vie des malades, et éventuellement réduire les risques d’infection de leur part, pour plusieurs centaines de dollars par an. Nous nous interrogeons à nouveau sur leur rapport coût-efficacité par rapport à d’autres interventions en santé mondiale. D’autres (notamment préventives) sont peut-être plus efficientes. Nous ne pouvons recommander avec certitude aucune des organisations focalisées sur le VIH/SIDA que nous avons étudiées.
    GiveWell a analysé trois interventions spécifiques : la promotion et la distribution de préservatifs, les traitements antirétroviraux (ART, pour antiretroviral therapy), et la prévention de la transmission mère-enfant.
    Selon les estimations de GiveWell, les traitements antirétroviraux sont environ 1,4 fois plus efficaces que des transferts d’argent directs. La méthodologie de GiveWell (en mars 2023) consiste à financer les interventions qui dépassent un certain seuil, à savoir celles qui sont 10 fois plus efficaces que les transferts d’argent. Les traitements antirétroviraux seraient ainsi environ sept fois moins efficaces que les meilleures interventions en santé mondiale. GiveWell ajoute que les interventions préventives le sont peut-être plus, mais qu’il y a peu de preuves que la promotion et distribution de préservatifs, l’une des interventions les plus communes du milieu, limite réellement la transmission du VIH/SIDA.
    Dans l’ensemble, nous supposerons que les interventions de lutte contre le VIH/SIDA dans les pays en développement sont environ 10 fois moins efficaces que les organismes caritatifs les plus recommandés par GiveWell.
    Les estimations de GiveWell concernant le coût d’une vie sauvée via ses organismes caritatifs les plus recommandés ont varié au cours du temps. Elles ont pu atteindre les valeurs de 1 000 et 10 000 $ aux extrêmes, et tournent en général autour de 3 000 à 5 000 $. En janvier 2023, les derniers calculs de GiveWell sur le coût d’une vie sauvée sont disponibles sur cette page.
    Notre conclusion est donc qu’une vie aurait été sauvée pour chaque tranche de 50 000 $ de dons d’Elton John aux organismes de lutte contre le SIDA.
  2. En 2012, leurs dons sont allés à 80,000 Hours. Jeff et Julia ont également versé de l’argent à des organisations connexes telles que Centre for Effective Altruism (où Julia travaille aujourd’hui), qui, comme 80,000 Hours, est un projet d’Effective Ventures Foundation.
  3. Le rapport 2012 de Watkins Uiberall a constaté (lien) :
    Le salaire médian pour un poste de direction varie entre 50 000 et 75 000 $. Ces salaires sont corrélés à la taille du budget organisationnel. Dans les plus petites organisations, le salaire médian va de 30 000 $ à 50 000 $. Dans les organisations de taille moyenne, 36 % des PDG ont un salaire compris entre 50 000 et 75 000 $ (50,5 % gagnant plus de 75 000 $ et 13,5 % moins de 50 000 $). Parmi les plus grandes, 14,2 % versent des salaires de 100 000 $ ou moins ; 38,1 % des salaires de 101 000 à 150 000 $ ; et 47,7 % des salaires de plus de 150 000 $.
    À noter que ces nombres sont considérablement plus faibles que ceux des enquêtes annuelles de Charity Navigator. Pour cause : Charity Navigator se concentre sur les organisations caritatives des États-Unis « de taille moyenne à grande », dont les salaires sont beaucoup plus élevés.
  4. Prix converti puis arrondi avec un taux de change à 0,9145 (janvier 2024). Les prochaines valeurs indiquées en euros utiliseront le même taux.
  5. Les personnes dont le revenu est compris entre 100 000 et 200 000 $ contribuent, en moyenne, à hauteur de 2,6 % de leur revenu, soit moins que les personnes au revenu inférieur à 100 000 $ (3,6 %) comme supérieur à 200 000 $ (3,1 %).
    Source : Charitable Giving in America: Some Facts and Figures. Les États-Unis sont un des pays du monde où les taux de dons aux organismes caritatifs sont les plus hauts.
  6. Un article de la BBC cite un certain nombre de spécialistes de l’histoire (lien de l’archive du 13 juin 2016) et conclut :
    Si Turing et son équipe n’avaient pas affaibli la position des U-Boots dans l’Atlantique nord, l’invasion de l’Europe par les forces alliées en 1944 (le débarquement de Normandie) aurait pu être reportée, peut-être d’un an, ou même encore plus, car l’Atlantique nord était le trajet que devaient prendre les approvisionnements en munitions, carburant, nourriture et troupes pour atteindre le Royaume-Uni depuis les États-Unis.
  7. Source : The number of academics and graduate students in the world.
  8. Techniquement, le premier vaccin approuvé par un organisme de réglementation reconnu comme une autorité de régulation rigoureuse par l’Organisation mondiale de la santé.
  9. Sam Bankman-Fried a fait des dons à 80,000 Hours au début de sa carrière, et FTX a confié des fonds au groupe Effective Ventures. 80,000 Hours est un projet du groupe Effective Ventures, lui-même un nom parapluie pour Effective Ventures Foundation et Effective Ventures Foundation USA, Inc., deux entités légales différentes qui travaillent ensemble.
  10. Simonton, Dean K. « Age and outstanding achievement: What do we know after a century of research? » Psychological bulletin 104.2 (1988) : 251.

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