Table Des Matières
Pourquoi est-ce important ?
Près de 700 millions de personnes vivent dans l'extrême pauvreté, c'est-à-dire avec moins de 2,15$ par jour. Des millions de personnes - presque toutes originaires de pays à faible revenu - meurent chaque année de maladies évitables et qui pourraient être soignées à un coût raisonnable : tuberculose, paludisme, maladies diarrhéiques, etc. Sur un autre plan, les troubles mentaux et des maladies telles que la dépression et l'anxiété affectent énormément de personnes au quotidien, mais sont pourtant peu soignés dans de nombreux pays.
Heureusement, il est en notre pouvoir d’agir sur ce sujet - et avec les bonnes méthodes, nous pouvons accomplir beaucoup.
Pourquoi agir dans les pays à faibles revenus ?
Nous recommandons généralement de soutenir des actions ayant lieu dans les pays pauvres. En effet, les dépenses de santé pour les habitants des pays pauvres sont de seulement 100$ annuels en moyenne. En comparaison, dans l’Union Européenne, cette dépense représente 4 500$ par personne et par an.
Cela tient au fait qu’un français gagne en moyenne 50 fois plus que quelqu’un vivant dans l’extrême pauvreté, même en prenant en compte la différence de pouvoir d’achat. Les services publics et aides que nous considérons comme basiques (hôpitaux, droit au chômage, écoles…) sont malheureusement beaucoup moins présents dans ces pays. On peut donc sauver ou améliorer beaucoup plus de vies dans ces pays que dans les pays riches avec une même quantité de ressources.
Y a-t-il des raisons de ne pas prioriser cette cause ?
Nous pensons que les actions ci-dessus offrent un moyen solide d’avoir un impact positif sur le monde, et qu'en soutenant les organisations caritatives recommandées, vous pouvez grandement améliorer la vie de nombreuses personnes dans le monde.
Cependant, certaines personnes hésitent à s’investir dans cette cause, pour diverses raisons. Voici pourquoi :
Vous pensez peut-être qu’il est possible de faire plus ailleurs
Certaines personnes considèrent que ce sujet est moins négligé que d’autres problématiques. En effet, les dépenses globales dans le secteur sont de l’ordre de 300 milliards de dollars annuels. Il est donc plus difficile d’y trouver des interventions à l’impact exceptionnel, car de nombreuses personnes travaillent déjà sur ce sujet.
D’autres sujets peuvent vous sembler encore plus prioritaires et négligés. Par exemple, la souffrance des animaux d’élevage. Même si l’on considère que la vie d’un animal ne vaut pas celle d’un humain, le fait qu’ils soient très nombreux (73 milliards d’animaux terrestres tués chaque année et plus de 1000 milliards de poissons) et que leurs conditions de vie soient généralement inhumaines fait que les interventions sur le sujet sont particulièrement négligées. On estime que les meilleures interventions permettent, pour chaque euro dépensé, de sortir de cages des dizaines de poulets. Voir notre page détaillée sur le sujet.
Vous pouvez aussi penser que le plus important est d’empêcher des catastrophes mondiales, parce que tout le travail réalisé sur la pauvreté pourrait être défait par une guerre nucléaire ou une pandémie de grande ampleur (par exemple, beaucoup de personnes ont replongé dans la pauvreté suite à la pandémie du Covid-19). Voir la section de notre guide sur le sujet.
Nous pensons qu'il s'agit là de considérations importantes, qui dépendent de votre vision du monde.
Doutes sur l'efficacité de l'aide internationale
Une idée assez répandue est que l'aide internationale ne fait aucune différence et entretient un système de dépendance. Cependant, il existe de nombreux exemples qui permettent d’affirmer que l'aide internationale a changé beaucoup de choses au cours de l'histoire, et de nombreuses interventions font une vraie différence. On peut citer l’éradication de la variole, ou la quasi-éradication de la dracunculose (10 millions de cas en 1976, 13 en 2022) et de la polio (passant de 350 000 cas en 1988 à 37 cas en 2016).
Des idées et des mythes tels que "charité bien ordonnée commence par soi-même", ou “cela n’adresse pas la cause racine”, ou "l'aide rend les pays à faible revenu dépendants de l'assistanat" (et bien d’autres) sont abordés sur cette page de Giving What We Can (en anglais). Voir également cet article en français.
Organisations prometteuses sur ce sujet
Des discussions menées en 2022 entre l’association et des acteurs du monde caritatif francophone semblent indiquer un attachement croissant de grandes organisations pour l’évaluation de l’impact de leurs activités, et la prise en compte de leurs conclusions. Un exemple en est la diffusion d’initiatives de transferts d’argent inconditionnels, une intervention considérée comme généralement très efficace. Un certain nombre d’associations font un travail particulièrement remarquable sur ces questions, et fonctionnent grâce à la générosité des donateur·ices.
Nous avons réalisé une liste d'organisations à fort impact dans la section dédiée de notre page sur le don efficace, que nous vous encourageons à consulter.
Notes :
- La plupart des associations pour lesquelles nous pensons avoir suffisamment d’éléments (car ayant été auditées et analysées par GiveWell, notamment) sont basées hors de France et les dons ne sont dans ce cas pas déductibles de vos impôts.
- Leurs recommandations ayant tendance à être mises à jour d’année en année selon les besoins du secteur, Giving What We Can recommande de faire des dons par l'intermédiaire d'un fonds qui va adapter l’allocation des financements selon les besoins du moment :
- Le fonds Santé et Développement d'Effective Altruism Funds
- Le fonds “Top Charities” de GiveWell
Travailler dans ce domaine d’action
Le milieu professionnel du secteur caritatif lié aux actions contre la pauvreté et la maladie à l’international est assez développé en France.
Nous vous recommandons de consulter la page de 80,000 Hours qui offre des conseils de carrière, y compris sur la lutte contre les maladies, pour voir si vous pouvez contribuer à ce domaine, ou si vous pouvez acquérir les compétences nécessaires.
Ils répertorient également des offres d'emploi sur cette page.
Sur la santé mentale, des actions qu’il est possible de mener sont décrites à la fin de cette page par le Happier Lives Institute (et, dans une moindre mesure, par 80,000 Hours).
En savoir plus
Ressources anglophones:
- Our World In Data - en particulier ses pages sur la pauvreté, les causes de décès dans le monde, et ses autres pages sur la santé.
- Il y a également des pages sur les inégalités de revenus entre les sexes et l’emploi des femmes.
- Le guide Global Health and Development du Centre for Effective Altruism
- Le guide Giving 101 de GiveWell ainsi que ses recherches
- Gapminder permet de tester ses connaissances sur le sujet - il apparaît que la plupart des personnes se trompent
- Cet article, et sa suite, adressent ce qu’il est possible de faire pour réduire la violence faite aux femmes
- L’organisme Happier Lives Institute fournit des ressources sur la santé mentale
Le Forum Altruisme Efficace est un lieu d’échanges et de discussion portant sur ces sujets (en anglais). La section Santé et Développement contient des ressources introductives sur le sujet, ainsi qu’une liste des posts considérés comme étant parmi les plus intéressants.
Ressources francophones:
- La conférence Comment évaluer les interventions contre la pauvreté ?
- Les grandes ONGs mettent souvent à disposition des données sur le sujet. Par exemple, voir la page sur la pauvreté réalisée par Oxfam.
- Le Poverty Action Lab, ou J-PAL, réalise des activités de recherche scientifique pour identifier l’impact des différentes pratiques dans le domaine social. Ils diffusent l’information au niveau politique et réalisent des formations. JPAL Europe est basée à Paris.
- Par exemple, ils ont réalisé plusieurs projets visant à identifier comment fournit une meilleure éducation dans des pays à faible revenus
Zoom sur…
High Impact Medicine (Hi-Med) est une organisation à but non lucratif qui crée une communauté de médecins et d'étudiants en médecine soucieux de leur impact. Ce groupe a été créé pour tous les professionnels de la santé : médecins, infirmier·es, pharmacien·nes, étudiant·es en médecine, chercheur·es, agents de santé publique... Ils fournissent des conseils de carrière, des contacts et des pistes d’actions à fort impact.
Vos commentaires
Aidez-nous à améliorer notre travail – si vous avez des suggestions, contactez Florent via Slack ou envoyez-nous un email.
Cette page reprend des passages traduits du site web de Giving What We Can, rédigés par Michael Townsend
Comment contribuer ?
Voici quelques types d’intervention pour lesquelles des études suggèrent un très grand impact potentiel :
Lutter contre les maladies dans les pays en développement
Grâce à des décennies de recherche et d'enquêtes de divers champs, cet axe de travail dispose des indices d'efficacité les plus solides à ce jour : en améliorant les conditions économiques des plus pauvres dans le monde et leur accès aux soins, vous les aidez à vivre une vie heureuse et saine.
La prise en charge médicale de conditions médicales telles que la diarrhée ou la tuberculose sont bien connues et fonctionnent depuis longtemps. Les meilleures organisations caritatives œuvrant sur ces sujets, que vous trouverez dans nos recommandations plus bas, estiment pouvoir sauver une vie pour environ 5 000€. Ce chiffre reflète l'extrême inégalité dans la manière dont les ressources mondiales sont partagées, mais cela signifie également que les individus des pays riches ont une formidable opportunité de changer (voire de sauver) la vie de quelqu'un pour un coût comparativement faible.
Voici par exemple les impacts de la distribution de moustiquaires permettant de se protéger contre le paludisme :
La première image montre la progression de la diffusion de moustiquaires protégeant du paludisme. La seconde image montre le déclin des occurrences des cas de paludisme sur la même période.
Améliorer la santé mentale
Moins bien connues, les maladies mentales telles que la dépression et l'anxiété peuvent être à l'origine d'une souffrance considérable et représenter un coût important pour la société. La dépression est un problème majeur qui touche 280 millions de personnes dans le monde, et il s’agit d’une cause majeure de handicap, et pas seulement dans les pays "occidentaux". Elle touche les femmes deux fois plus que les hommes, en moyenne. Néanmoins, 85% des personnes dans les pays à faibles revenus ne reçoivent pas de traitement - alors qu’il existe des pistes thérapeutiques efficaces et peu coûteuses.
Améliorer la scolarisation et l'éducation dans les pays en développement
L'éducation est l'un des outils les plus puissants dont nous disposons pour réduire la pauvreté et améliorer la santé, l'égalité des sexes et l’économie locale. Pourtant, des millions d'enfants dans le monde ne reçoivent pas l'éducation nécessaire à leur développement et à leur santé financière future.
Pour en savoir plus sur le potentiel de l’éducation, nous recommandons ce rapport de Founders Pledge.
Soutenir l’autonomisation des femmes
Il existe de nombreux obstacles à l'autonomisation des femmes, comme la discrimination légale, les normes sociales et la violence basée sur le genre. Cependant, il est prouvé que des interventions peuvent surmonter ces obstacles et améliorer la vie des femmes. Autonomiser les femmes et les filles est l'un des moyens les plus efficaces pour réduire la pauvreté et améliorer la santé et les résultats éducatifs non seulement pour les femmes, mais aussi pour leurs enfants et leurs familles.
Pour en savoir plus sur l’importance de ce sujet, nous recommandons ce rapport de Founders Pledge (en anglais).
Atténuer les douleurs extrêmes
Environ 20% de personnes dans le monde souffrent de douleurs chroniques, provenant par exemple de migraines intenses, de mal de dos, ou de cancers. Près de 2 à 5 millions d'enfants dans le monde meurent alors qu'ils ont besoin de soins palliatifs. Il existe pourtant des traitements peu onéreux et efficaces, mais qui sont peu accessibles dans les pays à faible revenu. En France, Douleurs sans Frontières s’attaque à ce sujet, mais nous n’avons pas pu évaluer leur action.
Pour en savoir plus sur l’importance de ce problème et des suggestions d’actions, nous vous recommandons de lire cet article (en anglais).