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Mieux réussir dans n’importe quel travail, selon la recherche : tous nos conseils
Le problème des conseils de développement personnel, c’est qu’ils sont rarement basés sur la moindre étude.
Par exemple, combien de fois vous a-t-on dit de « penser positif » pour atteindre vos objectifs ? C’est sans doute le conseil le plus prisé dans l’accompagnement personnalisé. De vos profs de lycée aux coachs de carrière très en vue, tout le monde l’adore. L’une des idées fondamentales derrière ce slogan est que si vous visualisez votre avenir rêvé, vous avez plus de chances de l’obtenir.
Le souci ? Les résultats d’études récentes indiquent que fantasmer sur votre vie idéale a plutôt tendance à diminuer vos chances de l’atteindre. L’activité peut être plaisante, mais elle affaiblit votre motivation, parce qu’elle vous donne l’impression d’avoir déjà réalisé les objectifs visés1. D’autres formes de pensée positive peuvent cependant s’avérer utiles – nous en verrons certaines dans la suite de l’article.
Le reste des conseils sont souvent l’opinion d’une seule personne ou bien des clichés complètement creux. Mais, à 80,000 Hours, nous avons constaté qu’il y a un certain nombre de mesures accessibles à toutes et à tous, et reposant sur des données probantes, qui permettent de gagner en productivité et en succès dans sa carrière comme dans sa vie. Et, comme nous l’avons vu dans un article antérieur, on peut continuer d’aiguiser ses compétences pendant des décennies.
Nous avons donc rassemblé ici les meilleures astuces découvertes au cours de nos 10 (et même plus) dernières années de recherches. N’importe qui peut y avoir recours, dans quelque emploi que ce soit, pour améliorer son capital professionnel et son adéquation personnelle, et donc son impact positif.
Pour beaucoup de ces points, les données scientifiques ne sont pas aussi convaincantes que nous le souhaiterions, mais c’est ce que nous avons trouvé de mieux. Nous avons tâché de répertorier les stratégies qui valent la peine d’être testées en prenant en compte tous les aspects possibles, et notamment :
- Si les données empiriques sont solides ;
- Si la technique nous semble raisonnable ;
- Si les bénéfices potentiels sont importants ;
- Si le conseil est globalement généralisable ;
- Si les coûts nécessaires à son application restent corrects.
Vous trouverez tous les détails dans les lectures complémentaires que nous référençons et dans les notes de bas de page.
Ces conseils sont énoncés dans un certain ordre logique : les premiers sont plus simples, plus largement applicables, et ils correspondent mieux aux paramètres ci-dessus. Commencez par ceux-ci et dirigez-vous ensuite vers les recommandations moins faciles.
Il s’agira majoritairement d’établir de nouvelles habitudes – des comportements réguliers et des routines qui finiront par devenir presque automatiques. Si vous améliorez votre capacité à créer de nouvelles habitudes, tout le reste deviendra plus rapide.
Et il y a justement des études qui nous indiquent comment y parvenir. Le best-seller Un rien peut tout changer prend les bases de la science comportementale sur la création d’habitudes pour en faire un guide très pratique. Dans un style plus académique, voir aussi Changer sa vie : la méthode des Petites Habitudes de BJ Fogg.
Il faut environ 30 jours pour ancrer en vous une nouvelle habitude. C’est déjà assez difficile sans en tenter 5 en même temps ! Donc, passez en revue la liste ci-dessous, identifiez un domaine qui pourrait vous permettre de faire le plus de différence dans votre vie avec le moins d’effort possible, et choisissez une habitude ou un exercice pour commencer.
Le processus standard est de se focaliser sur un domaine pendant 3 à 12 mois, avec une habitude ou un exercice par mois.
Au fur et à mesure, vous prendrez le coup et pourrez relever des défis de plus en plus difficiles.
Temps de lecture : 45 minutes
1. N’oubliez pas de prendre soin de vous
Petit rappel avant de passer à des conseils plus complexes : avoir de l’ambition peut souvent conduire à ne pas prendre soin de soi. Ces tendances peuvent vous conduire à un burn-out et donc, finalement, avoir des conséquences négatives sur votre succès.
En fait, même si vous vous préoccupez uniquement des autres, c’est important de ne pas vous oublier. Des recherches du professeur Adam Grant suggèrent que les altruistes qui cherchent également leur propre intérêt ont une meilleure productivité à long terme et contribuent donc davantage2.
« Prendre soin de soi », c’est essentiellement se concentrer sur les fondamentaux : dormir assez, faire de l’exercice, bien manger et entretenir ses proches amitiés.
C’est du bon sens, et la recherche semble également le confirmer. Ces facteurs peuvent avoir énormément d’impact sur votre bonheur au jour le jour, sans compter votre santé et votre énergie3. En fait, comme nous l’avons vu, c’est sans doute beaucoup plus important que d’autres paramètres sur lesquels on a tendance à davantage se concentrer, comme le revenu.
Donc, si vous avez la moindre occasion d’améliorer de manière significative l’un de ces aspects, vous en occuper en premier en vaut la peine. Beaucoup d’encre a coulé sur le sujet. Vous trouverez parfois de petites astuces techniques (certaines personnes constatent qu’elles dorment beaucoup mieux avec un masque de nuit, par exemple), mais souvent, il s’agit de prendre de meilleures habitudes (comme programmer un appel hebdomadaire avec votre meilleure amie ou meilleur ami).
Quelques conseils et bonnes adresses pour en apprendre davantage :
- Le meilleur guide pour améliorer le sommeil que nous ayons trouvé est celui de Lynette Bye, qui a pour vocation de résumer toutes les recherches sur le sujet.
- En termes d’activité physique, essayez au moins de suivre ces recommandations de l’Assurance Maladie. Voici des ressources supplémentaires si vous souhaitez aller plus loin.
- Pour ce qui est de la nourriture, le consensus général est d’éviter les aliments transformés et de consommer beaucoup de végétaux. Au-delà de ces essentiels, testez des choses jusqu’à trouver ce qui fonctionne le mieux pour vous (par exemple, j’ai constaté que j’étais beaucoup plus énergique quand je ne mangeais pas le matin et ne buvais qu’un café, mais d’autres ont observé le contraire).
- Ce que vous pouvez faire de mieux pour entretenir vos amitiés proches est peut-être de prévoir un créneau régulier pour elles dans votre emploi du temps. Nous avons davantage de conseils là-dessus plus tard dans l’article.
- Vous pouvez consulter cette liste de conseils de vie d’Alex Vermeer.
- Le podcast Huberman Lab, animé par un professeur de Stanford, synthétise les recherches scientifiques sur des sujets comme mieux dormir, mieux manger, faire de l’exercice et gérer son énergie.
2. Si besoin, faites de votre santé mentale votre priorité
Environ 30 % des 20 à 29 ans souffrent d’un problème de santé mentale4.
Si vous avez l’un de ces troubles – que ce soit de l’anxiété, un trouble bipolaire, un TDAH, une dépression ou autre –, souvent, il vaut mieux en priorité le traiter ou apprendre à mieux gérer les symptômes. C’est l’un des meilleurs investissements que vous puissiez faire, à la fois pour votre propre bien et pour votre capacité à aider les autres.
Nous connaissons beaucoup de personnes qui ont pris le temps de se concentrer sur leur santé mentale avant tout et qui, ayant trouvé des traitements et des techniques qui fonctionnaient, sont maintenant capables d’exceller dans leur domaine.
Beaucoup de nos membres ont également choisi de mettre l’accent sur cet aspect, y compris notre directeur, qui en a parlé dans notre podcast.
Si vous avez des doutes quant à un possible problème de santé mentale, prendre le temps de vous pencher sur la question en vaut largement la peine. Nous connaissons également des personnes qui n’ont pas été diagnostiquées pendant des dizaines d’années et qui trouvent leur vie bien meilleure après avoir reçu diagnostic et traitement.
Et ne vous prenez pas trop la tête à vous demander si vous cochez toutes les cases d’un diagnostic officiel. Beaucoup de ces pathologies font partie d’un continuum (de la bonne humeur à la dépression en passant par la tristesse « normale », par exemple), et le seuil où un diagnostic officiel est établi est en fin de compte arbitraire. L’important, ce n’est pas qu’on vous colle une étiquette, c’est que vous puissiez trouver des moyens qui vous aident à aller mieux.
La santé mentale n’est pas notre domaine d’expertise, et nous ne pouvons pas vous offrir des conseils médicaux. Nous vous recommandons de commencer par voir un médecin. Vous pouvez vous renseigner auprès de l’Assurance Maladie. Si vous êtes en études supérieures, vous pouvez également disposer de certaines aides supplémentaires gratuitement.
Ceci étant dit, nous avons rassemblé certaines des ressources les plus utiles que nous ayons trouvées pour les mettre à votre disposition.
De toutes les formes de thérapie, c’est sans doute la thérapie cognitivo-comportementale (TCC) qui s’appuie le plus sur des bases scientifiques. Son efficacité a été constatée pour de nombreuses pathologies différentes.
Sans compter que gérer ses émotions est une compétence de vie fondamentale pour tout le monde et que la TCC est l’une des principales méthodes basées sur des données probantes à permettre de progresser dans ce domaine.
- Dans notre podcast, nous avons interviewé un psychologue pratiquant les TCC, Tim LeBon, au sujet de ce qu’on peut trouver dans cette forme de thérapie et de ce qu’elle peut apporter à notre lectorat.
- Nous avons également eu un entretien avec la psychologue Hannah Boettcher concernant les problèmes de santé mentale rencontrés par les personnes qui s’intéressent à l’altruisme efficace, et les outils qu’elle utilise pour les traiter en tant que professionnelle.
- Feeling Good, de David Burns, est un classique. Des essais contrôlés randomisés ont même constaté que la lecture du livre réduisait les symptômes de la dépression.
- Spencer Greenberg (qui a également participé à notre podcast) a créé une application de TCC appréciée par notre équipe.
- Nous avons également rédigé une liste de questions simples inspirées de la TCC que vous pouvez vous poser quand vous vous retrouvez dans une situation difficile – d’« avoir du mal à trouver vos clés » à « vous retrouver dans un accident de voiture » – et qui vous aideront sans doute à vous sentir mieux et à vous remettre plus vite.
- La méthode STOPP, basée sur la TCC, est une technique que vous pouvez utiliser rapidement pour faire face à toute émotion difficile.
Vous pouvez également explorer d’autres thérapies qui s’inscrivent dans la lignée globale de la TCC, comme la thérapie comportementale dialectique, la thérapie d’acceptation et d’engagement, l’activation comportementale, la théorie focalisée sur la compassion, l’exposition et plus encore. Une partie de notre lectorat a également constaté les bienfaits du focusing, de la méditation (voir ci-dessous) et de la thérapie systémique IFS pour la gestion des émotions de manière générale.
Voici quelques ressources supplémentaires triées par pathologie :
- Différents organismes de santé publient des conseils utiles et fondés sur des données scientifiques au sujet des traitements pour la plupart des pathologies. C’est généralement un bon point de départ.
- Dépression et problèmes de moral : outre la TCC, vous pouvez vous pencher sur cette synthèse des traitements contre la dépression de Scott Siskind. Nous vous conseillerions aussi It’s Not Always Depression de Hilary Hendel.
- Anxiété : cet article de Scott Alexander présente une synthèse des traitements. Nous vous recommandons aussi Mind Ease, une autre application, créée par Spencer Greenberg.
- TDAH : vous pouvez lire Cognitive-Behavioral Therapy for Adult ADHD et Taking Charge of Adult ADHD.
- Perfectionnisme : c’est manifestement très commun dans notre lectorat, et c’est l’objet de la première partie de cet épisode avec le psychologue TCC Tim LeBon dans notre podcast.
- Syndrome de l’imposteur : il est extrêmement répandu lui aussi, raison pour laquelle une des membres de notre équipe a écrit un guide pour le surmonter.
Au-delà des ressources ci-dessus, qui vous permettent de faire une partie du travail vous-même, parler avec un psychothérapeute peut être d’une grande aide. Une étape fondamentale est cependant de trouver un ou une spécialiste qui vous corresponde. C’est vraiment crucial – certaines recherches ont suggéré que le niveau d’« alliance thérapeutique » peut même être plus important que le type de thérapie employée. C’est souvent difficile de trouver la bonne personne, mais voici quelques conseils :
- Demandez des recommandations aux personnes de votre entourage en qui vous avez confiance.
- Vous n’avez aucune obligation de « rester fidèle » à la première personne que vous aurez trouvée. La plupart des psychothérapeutes vous proposent avec plaisir une première consultation ou une séance d’essai ; vous pouvez donc en tester plusieurs et vous décider pour celui ou celle qui vous convient le mieux.
- On peut distinguer grossièrement deux familles de psychothérapie très différentes : celles qui s’inscrivent dans la tradition de la psychanalyse, qui vise à identifier les schémas de comportement contre-productifs issus de l’enfance, et celles qui appartiennent à la lignée de la TCC, qui vont être plutôt d’ordre pratique et orientées solutions, et davantage appuyées par des données scientifiques. Elles peuvent toutes deux avoir leur utilité, mais notre sympathie va à la tradition de la TCC, et nous vous conseillons donc de commencer par celle-ci. Assurez-vous de ne pas confondre les deux types.
- Si vous vous intéressez à l’altruisme efficace, vous aimerez peut-être Mental Health Navigator, et pouvez vous adresser à Ewelina, Daystar Eld et Tim LeBon, qui proposent leurs services privés de psychothérapie.
- Pour un guide plus complet sur la question, voir ici.
Tout comme votre santé mentale, votre santé physique mérite votre attention…
3. Occupez-vous de votre santé physique (et n’oubliez pas votre dos !)
Les conseils de santé sont truffés de charlatanismes. Mais c’est sans doute aussi le domaine où on trouve le plus de recommandations basées sur des résultats scientifiques. Outre votre médecin, vous pouvez vous référer à des articles simples qui vous synthétisent le consensus scientifique quant au traitement de différents problèmes de santé (rubrique « Health A to Z » sur le site du NHS, Mayo Clinic). Vous avez du mal à trouver des conseils médicaux appuyés par la science ? Rendez-vous ici.
C’est avec surprise que nous avons appris que le plus gros risque pour la productivité est sans doute le mal de dos : c’est une des causes majeures de mauvaise santé dans le monde, du moins selon certaines mesures5.
Notre cofondateur, Will, a été tout à coup foudroyé par des douleurs lombaires chroniques qui ont duré des mois. Il a parlé de ses maux de dos à plus de 10 professionnels et professionnelles de la santé avant d’obtenir le moindre conseil utile. Ce n’est pas rare non plus : ces douleurs peuvent avoir des causes variées, et être difficiles à traiter.
Les troubles musculosquelettiques (TMS) attribuables au travail répétitif sont également un danger des environnements de travail modernes. Ils peuvent aller jusqu’à affecter de façon permanente votre capacité à utiliser un clavier ou une souris.
Mais il y a quelques astuces pour diminuer les risques de maux de dos et de TMS :
- Bien installer votre espace de travail et maintenir une posture correcte.
- Changer régulièrement de position (la technique Pomodoro peut vous aider).
- Faire de l’exercice régulièrement, et si possible des exercices de renforcement musculaire pour l’ensemble du corps (en particulier la chaîne postérieure).
Ces mesures peuvent avoir l’air anodines, mais statistiquement, les risques que vous subissiez un épisode de mal de dos sévère au cours de votre vie sont non négligeables, et vous vous remercierez pour ces investissements simples.
Si vous commencez à éprouver des symptômes, occupez-vous-en immédiatement avant qu’ils empirent. N’hésitez pas à vous renseigner davantage sur le traitement des maux de dos et des TMS.
4. Donnez-vous des objectifs
La meilleure manière d’établir un objectif fait débat. Faut-il préférer se concentrer sur le résultat ou sur le processus ? Privilégier un but ambitieux ou atteignable ?
Ces différences de méthodes n’importent pas tant. La technique fonctionne dans tous les cas, et c’est l’essentiel : quand on vise un but, on a tendance à mieux performer.
Le plus important, c’est donc de prendre l’habitude de se donner des objectifs pour son développement personnel.
Voici quelques conseils pour chaque phase.
Objectifs à long terme
Un point de départ peut être de clarifier ce que vous voulez dans votre vie de rêve.
Par exemple, à quoi ressemblerait votre existence d’ici 10 ans, dans l’idéal ? Si l’argent n’était pas un problème, si votre réussite était assurée, à quoi consacreriez-vous votre temps ?
Ne pensez pas seulement à ce que vous voulez accomplir (beaucoup de ce que les autres percevront comme des succès ne semble pas affecter tant que ça le bonheur), imaginez aussi votre « mercredi ordinaire » parfait. Comment occuperiez-vous l’entièreté de votre journée exactement ?
Dans le processus, gardez à l’esprit les principaux ingrédients de l’épanouissement (en général) :
- Des relations satisfaisantes ;
- Une contribution à un objectif plus grand que vous-même ;
- Un savoir-faire : un domaine où vous faites du bon travail et que vous trouvez engageant (où vous pouvez atteindre un état de « flow ») ;
- De la joie et de l’émotion positive ;
- Une absence de points noirs majeurs dans votre vie (stress économique, problèmes de santé, conflits interpersonnels, par exemple).
D’où un autre exercice bien utile pour clarifier la direction que vous voulez prendre dans la vie : notez 5 à 10 valeurs particulièrement importantes pour vous que vous voudriez voir guider votre vie. Vous pouvez trouver de l’inspiration dans cette liste, faire un exercice complet pour vous situer sur votre boussole intérieure ou utiliser cet outil de Clearer Thinking.
Objectifs pour l’année
En plus de (ou à la place de) ce que vous visez à long terme, envisagez de vous fixer un ou deux objectifs professionnels et un ou deux objectifs personnels pour l’année ou le trimestre en cours.
Je (moi, Benjamin) fais des « bilans de vie annuels ». Beaucoup de membres de 80,000 Hours trouvent le template « 8,760 Hours » d’Alex Vermeer (rien à voir avec nous) pertinent pour ces auto-évaluations. J’ai également rendu public un document très légèrement excessif que j’ai créé dans ce cadre.
Pour votre carrière, nous vous avons également préparé cet outil rapide pour vous permettre de réfléchir à votre travail une fois par an.
Apprendre à prioriser
On observe un schéma récurrent : souvent, la plupart des résultats viennent de quelques causes seulement. On parle parfois de « principe 80/20 » : environ 80 % des résultats dérivent de 20 % de vos activités.
Selon toute probabilité, le principe 80/20 s’applique aussi à vos objectifs. Il est donc vital de les classer par ordre de priorité et de concentrer toute votre attention sur les principaux.
Mais, la vie vous amenant constamment de nouvelles options, c’est un processus permanent.
Un exercice qui peut vous aider est de préparer une liste de vos objectifs, d’en choisir deux plus importants que les autres et de mettre tout le reste sur une liste « à ne pas faire ».
Si la priorisation vous intéresse, vous trouverez 5 méthodes sur cet article.
C’est normal d’avoir toujours l’impression de ne pas faire assez. Mais si vous avez fait le tri et que vous vous concentrez sur vos priorités absolues, alors vous saurez que vous agissez au mieux.
Bien. Maintenant que vous vous êtes fixé des objectifs, comment faire pour les atteindre ?
5. Essayez ces différentes façons de gagner en productivité
Il y a beaucoup d’articles qui se penchent sur la question des compétences les plus recherchées par les entreprises : faut-il choisir le marketing, la programmation, la data science ? Mais ce dont on parle moins, ce sont les aptitudes utiles dans n’importe quel travail, celles qui vous rendent plus efficace dans tout ce que vous faites.
Nous en avons déjà vu plusieurs : savoir prendre des habitudes, prioriser et prendre soin de soi. En voici une nouvelle : apprendre à développer des habitudes de productivité personnelle.
Prenez par exemple l’astuce de l’implémentation d’intention. Au lieu de vous dire « Je vais faire du sport tous les jours », définissez un déclencheur spécifique, comme : « Ma première action en rentrant du travail sera de chausser mes baskets pour aller courir ». Une vaste méta-analyse a constaté que cette technique étonnamment simple augmentait considérablement les chances d’atteindre un objectif, souvent jusqu’à une multiplication par 2 (taille d’effet de 0,65)6.
Cette section vous aidera également à mettre en application le reste des conseils de cet article. Vous voulez socialiser davantage ? Servez-vous d’un dispositif d’engagement. Vous souhaitez moins vous déconcentrer pendant vos révisions ? Compartimentez votre temps. Vous aimeriez commencer un journal de gratitude ? Ajoutez cette étape à votre bilan quotidien.
Vous trouverez ci-dessous une liste des techniques de productivité que les personnes avec qui nous avons pu travailler ont trouvé particulièrement utiles. C’est une section qui n’est pas particulièrement appuyée par des données concrètes, mais ça ne nous semble pas dramatique, puisque vous pouvez essayer rapidement ces astuces vous-même et voir si elles donnent des résultats. Testez-les une à la fois, une semaine chacune environ. Puis concentrez-vous pendant un mois ou deux sur celles qui fonctionnent pour vous jusqu’à ce que vos nouvelles habitudes soient bien ancrées.
Outils pour ne pas perdre ses objectifs de vue
Si vous avez du mal à vous y mettre, commencez ici.
- Mettez en place les « implémentations d’intentions » que nous avons vues plus haut.
- Vous pouvez encore améliorer l’efficacité de vos implémentations d’intentions si vous (i) imaginez un scénario où vous échouez, (ii) déterminez les facteurs de cet échec potentiel puis (iii) ajustez votre plan jusqu’à ne plus douter de votre succès. Dans ce cas de figure, c’est la pensée négative qui fonctionne le mieux. Vous pouvez lire Rethinking Positive Thinking de la professeure Gabriele Oettingen pour en savoir plus.
- Nous connaissons beaucoup de personnes qui chantent les louanges des dispositifs d’engagement, comme Beeminder et stickK. Voir ici pour en savoir plus.
- Pour aller plus loin dans la question de la motivation, voir The Motivation Hacker de Nick Winter, un court résumé du sujet très apprécié, et The Procrastination Equation du professeur Piers Steel.
Techniques de productivité
- Mettez en place un système pour suivre vos tâches à faire, par exemple une version simplifiée de la méthode Getting Things Done (la plupart des gens trouvant le système complet un peu excessif, vous préférerez sans doute commencer par le système de productivité minimaliste de Daniel Kestenholz ou quelque chose de similaire). Vous oublierez moins de tâches et serez (un peu) plus tranquille. Todoist est un outil de gestion de tâches populaire ; des membres de l’équipe de 80,000 Hours ne jurent que par Asana7.
- Prenez 5 minutes chaque jour pour un bilan quotidien. Vous pouvez y inclure toute autre habitude utile (tenir un journal de gratitude, suivre votre niveau de bonheur, vous demander ce que vous avez appris dans la journée). Vous pouvez aussi en profiter pour définir votre priorité no 1 du lendemain : se focaliser sur cette tâche plus importante que les autres (la technique dite de « manger sa grenouille ») est utile à beaucoup de personnes.
- Prenez une heure hebdomadaire pour penser à vos objectifs principaux et préparer le reste de la semaine. (Même chose mensuellement et annuellement.) Voici un exemple.
- Partagez votre to-do list. Essayez d’envoyer chaque matin vos tâches du jour à quelqu’un parmi vos proches ou vos collègues. Le simple fait d’informer une tierce personne, même sans avoir de comptes à lui rendre, peut suffire à donner de la motivation.
- Compartimentez votre temps. Par exemple, essayez de regrouper toutes vos réunions dans une ou deux journées, puis bloquez des gros créneaux de travail concentré, et videz votre boîte de réception une fois par semaine. Paul Graham en parle dans son essai Maker’s schedule, manager’s schedule. Cette approche diminue la perte de concentration qui résulte du passage d’une tâche à l’autre et du résidu d’attention (voir ci-dessous). Vous trouverez davantage de détails à ce sujet via notre podcast, dans un épisode avec Cal Newport, ou dans son livre Deep Work. Envisagez aussi de prévoir un temps de travail défini (par exemple, décider que votre journée se termine à 18 heures maximum). Pour beaucoup, c’est un moyen efficace de gagner en productivité tout en réduisant le risque de faire un burn-out et de négliger sa vie sociale. Voir ici pour en savoir plus. Toggl et Hourstack sont des outils pratiques pour suivre le temps passé.
- Gagnez en concentration avec la technique Pomodoro. Quand vous avez une tâche à faire, mettez un minuteur et gardez la tête dans le guidon pendant 25 minutes. Cette technique est d’une simplicité enfantine, mais pour beaucoup, elle permet de surmonter la procrastination et de maintenir sa concentration, et ainsi d’accomplir beaucoup plus dans une journée. La professeure Barbara Oakley la recommande dans son cours Apprendre à apprendre. L’étape suivante serait de s’associer avec quelqu’un d’autre : vous vous dites ce que vous allez faire ensemble pendant vos 25 minutes de concentration, puis vous voyez si vous avez mutuellement réussi à tenir votre engagement. Focusmate est une plate-forme pratique qui sert à trouver des partenaires de coworking.
- Établissez une routine quotidienne qui vous permette d’accomplir certaines tâches de façon automatique (toujours aller faire une séance de sport juste après le déjeuner, par exemple). Pour beaucoup, il est particulièrement important d’avoir une routine matinale de qualité afin de partir du bon pied.
- Mettez en place des systèmes de gestion de vos tâches quotidiennes pour éviter qu’elles parasitent votre attention (manger la même chose chaque matin au petit déjeuner, par exemple).
- Bloquez vos réseaux sociaux. Ils sont conçus pour être addictifs et peuvent avoir des conséquences dramatiques sur votre concentration. Passer constamment d’une tâche à l’autre diminue votre productivité : c’est le phénomène de résidu d’attention. Les outils qui bloquent les réseaux sociaux pendant le temps de travail ou pendant un certain nombre d’heures chaque jour sont donc un gain de productivité très important pour beaucoup de personnes. Quelques idées : Rescue Time, Freedom ou OFFTIME. Vous pouvez aussi vous récompenser pour votre concentration avec des applications comme Forest.
Lectures complémentaires sur la productivité
Il y a énormément de ressources à lire sur ces idées. Les conseils ci-dessus, nous l’espérons, vous donnent une vue d’ensemble de ce que vous pouvez trouver sur le sujet et des pistes de départ. Quand vous aurez passé quelques mois à incorporer certaines de ces habitudes dans vos routines, passez à l’étape suivante.
Voilà quelques réflexions très (très) approfondies et méthodes élaborées par des individus très productifs :
- Deep Work de Cal Newport
- Productivity de Sam Altman
- Pmarca Guide to Personal Productivity de Marc Andreessen
- Seeking the productive life de Stephen Wolfram
- How I am productive de Peter Hurford
- Interviews with productive people in the effective altruism community de Lynette Bye
Besoin d’aide pour la mise en place de tout ça ? Lynette Bye, avec qui nous avons déjà travaillé, propose du coaching en productivité ciblant tout particulièrement les personnes qui s’intéressent à l’altruisme efficace et tient un super blog bourré d’idées additionnelles.
7. Entourez-vous bien
Tout le monde dit qu’il faut avoir du réseau pour réussir sa carrière, et c’est vrai. Une partie considérable des emplois pourvus le sont via des relations ; et pour beaucoup, ces offres ne sont sans doute jamais rendues publiques et sont donc disponibles uniquement via les relations.
Mais l’importance de tisser des liens dépasse largement la question de l’emploi. C’est peut-être exagéré de dire qu’« on devient la moyenne des 5 personnes avec qui on passe le plus de temps », mais il y a clairement du vrai là-dedans. Votre cercle social définit le comportement que vous considérez comme normal (normes sociales) et influence directement vos émotions (par le mécanisme de contagion émotionnelle). Vos proches peuvent également vous apprendre de nouvelles compétences et vous présenter de nouvelles personnes.
La recherche a même mesuré cette influence – Nicholas Christakis et James Fowler l’analysent dans leur livre Connected. Une étude a constaté que si une de vos relations amicales devient heureuse, vous êtes 15 % plus susceptible de le devenir à votre tour. Et 10 % si c’est la relation amicale d’une relation amicale8.
Votre réseau est également une source majeure d’informations personnalisées et à jour qui ne sont jamais publiées. Par exemple, si vous vous demandez avec quels postes du secteur de la biotechnologie vous avez des chances d’afficher une bonne adéquation personnelle, la meilleure façon d’obtenir votre réponse est de vous adresser à quelqu’un que vous connaissez dans le milieu. Idem si vous vous interrogez sur les dernières tendances d’un secteur ou la réalité d’un emploi au jour le jour.
Si jamais vous voulez vous lancer dans un nouveau projet ou embaucher quelqu’un, votre cercle social est le meilleur point de départ qui soit, car ce sont des personnes que vous connaissez déjà et en qui vous avez déjà confiance.
Enfin, votre réseau est encore plus important si vous souhaitez avoir un impact social. En partie parce que vous pouvez persuader votre entourage d’adhérer à des idées importantes, comme la santé mondiale ou le bien-être animal, mais aussi parce que vos actions contribueront à mettre en place des normes sociales dans votre réseau et à diffuser des comportements positifs comme décrit plus haut. Par exemple, si vous commencez à donner davantage, il y a de bonnes chances que plus d’une autre personne vous rejoigne.
Tisser des liens : conseils pratiques
L’idée de réseautage peut susciter des réticences, mais sur le principe, c’est simple : rencontrez des personnes que vous appréciez, aidez-les et bâtissez des amitiés sincères. Si vous faites la connaissance de beaucoup d’individus et trouvez de petites façons de leur être utile, alors vous pourrez vous adresser à tout ce joli monde lorsque vous aurez besoin d’un coup de main. Cela dit, il vaut mieux rendre service sans s’attendre à une récompense ; c’est ce que font les réseauteurs et réseauteuses qui réussissent, et il y a des données qui montrent que c’est ce qui fonctionne le mieux9.
Pas besoin de fréquenter les réunions networking. La meilleure manière de rencontrer quelqu’un est de passer par votre cercle pré-existant : demandez tout simplement à votre connaissance commune de vous présenter en expliquant pourquoi vous voulez approcher cette personne (voir quelques modèles d’e-mails). Sinon, vous pouvez vous appuyer sur des intérêts communs – des choses que vous aimez vraiment faire.
Quand vous rencontrez quelqu’un de nouveau, n’hésitez pas à recourir au très utile « service de 5 minutes ». Pensez à quelque chose qui vous permettrait d’aider cette personne en 5 minutes à peine, et faites-le. Présenter quelqu’un et parler d’un livre ou d’une ressource similaire sont deux très bons exemples de ce type d’aide. Mettre en contact les bonnes personnes peut changer une vie et ne vous coûte quasiment rien.
Mais aller vers les autres demande malgré tout des efforts. À long terme, c’est encore mieux de prendre des habitudes qui vous permettront de développer des relations automatiquement. Par exemple, rejoignez un groupe qui organise des rencontres régulières, ou vivez avec des personnes qui reçoivent beaucoup. Vous lancer dans un projet secondaire peut bien marcher aussi : vous aurez ainsi une bonne raison de rencontrer des gens et de travailler à leurs côtés, ce qui vous permettra de tisser des liens plus étroits.
De tous les réseaux sociaux, c’est pour l’instant Twitter/X que nous avons identifié comme le plus utile pour nouer des relations professionnelles et gagner en notoriété dans son secteur. Sur cette plate-forme, c’est relativement facile de se retrouver à discuter avec des vedettes d’un domaine qu’on aurait eu du mal à rencontrer dans tout autre contexte.
Twitter/X ne fonctionne que si vous avez du bon contenu à proposer, mais c’est quelque chose qu’on peut faire de façon relativement simple. Une option consiste à choisir un sujet niche que vous connaissez (et qui soit pertinent professionnellement !) et à essayer de faire de votre compte une référence à suivre pour des personnes intéressées par ce sujet. Autre solution : poster des synthèses de recherches récentes ou des informations relatives à un domaine (Ethan Mollick, par exemple, a gagné énormément d’abonnements en résumant des articles de psychologie). Répondre en profondeur à des personnes avec qui vous aimeriez entrer en contact peut également fonctionner.
Vous pouvez lancer une newsletter suivant des procédés similaires (Jeffrey Ding, par exemple, qui fait partie de notre lectorat, a lancé la ChinAI newsletter). Ce guide vous explique comment faire.
N’oubliez pas que vous avez autant besoin de profondeur que d’amplitude dans vos relations. C’est utile d’avoir quelques proches que vous connaissez très bien et qui peuvent vous aider dans une mauvaise passe, mais c’est également bien pratique de connaître du monde dans des secteurs très différents pour trouver diverses perspectives et opportunités. Le statut de « pont » entre différents groupes serait le facteur le plus décisif pour trouver un emploi, d’après certaines données.
Faites une liste de vos 5 alliées et alliés les plus solides et assurez-vous de rester régulièrement en contact avec ces personnes. Mais ne négligez pas non plus vos rencontres avec des personnes totalement nouvelles, pour des raisons d’amplitude.
Dans un article ultérieur, nous évoquerons le meilleur moyen d’améliorer votre réseau : rejoindre une communauté.
Pour aller plus loin :
- Managez votre carrière comme une start-up, de Reid Hoffman, le fondateur de LinkedIn, chapitre 4.
- Donnant, donnant, du professeur Adam Grant, au sujet du fait que les personnes qui réussissent le mieux sont celles qui ont tendance à offrir aux autres, en partie parce que cette mentalité leur permet de tisser davantage de liens.
- Never Eat Alone, de Keith Ferrazzi. Il n’est pas pour tout le monde en termes de ton, mais il présente la même approche que les précédents, plus beaucoup de conseils tactiques.
- L’article How to Become Insanely Well-Connected, un classique avec d’excellents conseils pratiques de réseautage.
- « How to make friends as an adult », un court essai sur le site Barking Up the Wrong Tree.
Envisagez un déménagement
Et si vous partiez vivre au cœur de votre secteur d’activité ?
Changer de ville de résidence peut considérablement améliorer votre réseau.
Malgré l’essor du télétravail, les industries continuent de se regrouper dans certaines régions. Rendez-vous dans la Silicon Valley pour la technologie, à Los Angeles pour le divertissement, à New York pour la publicité, la mode ou la finance, à Boston ou à Cambridge (Royaume-Uni) pour la science, à Londres pour la finance également, et ainsi de suite.
Dans ces pôles d’activité, c’est beaucoup plus simple d’approfondir ses relations professionnelles, de rencontrer de nouvelles personnes par hasard et de trouver plus d’opportunités d’emploi. En effet, pour une partie des secteurs, les postes haut placés n’existent que dans certains périmètres : aux États-Unis, les trois quarts du monde du divertissement et du spectacle vivent à Los Angeles10. Il y a aussi des différences de salaires considérables d’un endroit à l’autre qui dépassent souvent les variations du coût de la vie.
Mais ce n’est qu’une partie de ce qui fait la spécificité de ces régions. En 2008 (nous pensons que cette tendance reste vraie aujourd’hui), les 10 régions économiques urbaines les plus importantes de la planète ne comptabilisaient que 6,5 % de la population mondiale, mais 57 % des innovations brevetées, 53 % des scientifiques récoltant le plus de citations et 43 % de la production économique11. Il semblerait donc qu’en termes d’innovations et de production, les individus de ces régions soient environ 8 fois plus productifs que la moyenne.
En 2008, il s’agissait de : (1) le grand Tokyo, (2) Boston-Washington, (3) Chicago-Pittsburgh, (4) Amsterdam-Bruxelles-Anvers, (5) Osaka-Nagoya, (6) Londres et l’Angleterre du Sud-Est, (7) Milan-Turin, (8) Charlotte-Atlanta, (9) la Californie du Sud (de Los Angeles à San Diego), et (10) Francfort-Mannheim. La Silicon Valley, Paris, Berlin et la zone Denver-Boulder méritent également une mention : on y voit certains des taux d’innovations par personne les plus élevés.
On ne sait pas exactement pourquoi ces régions sont si productives, mais il semblerait que ce soit au moins en partie parce que l’innovation apparaît quand on communique avec d’autres innovateurs et innovatrices. Leur culture et leurs normes sociales jouent peut-être un rôle important également. Si c’est bien le cas, alors vous auriez peut-être plus de chances de faire une découverte majeure en habitant dans ces régions. En tout cas, parmi les personnes que nous avons conseillées, certaines ont vu leur carrière propulsée de manière significative par un changement de ville. (Pour aller plus loin, lire Triumph of the City d’Edward Glaeser.)
Déménager en Thaïlande : une bonne idée ?
La stratégie opposée consiste à déménager pour un lieu agréable et pas cher. C’est plus facile que jamais avec l’essor du télétravail, et potentiellement intéressant en termes de qualité de vie. C’est aussi une bonne idée si vous voulez faire durer vos économies pour lancer un nouveau projet ou faire des études. Voir ici pour en savoir plus. Cependant, pour les raisons exposées précédemment, vous avez davantage à gagner à vous installer dans le noyau central de votre industrie si vous êtes en début de carrière et que vous avez de l’ambition.
Emplacement géographique et vie personnelle
L’endroit où vous vivez est important de bien d’autres façons. Une étude sur 20 000 personnes aux États-Unis a constaté que la satisfaction vis-à-vis de ce paramètre était une composante majeure de la satisfaction de vie10.
En effet, votre emplacement géographique définit de nombreux aspects importants de votre quotidien :
- Le type de personnes avec qui vous allez passer du temps ;
- Votre environnement au jour le jour et votre navette domicile-travail ;
- Et même votre sécurité financière au moment de votre retraite, le domicile étant souvent le principal investissement financier des individus et le marché de l’immobilier n’étant pas le même d’une région à l’autre.
C’est votre vie personnelle qui pâtit le plus d’un déménagement. Se construire un réseau amical prend du temps, et vous allez sans doute laisser des proches derrière vous. Les relations personnelles étant peut-être l’ingrédient le plus crucial de la satisfaction de vie, c’est un coût qui est loin d’être négligeable.
C’est en partie pour cette raison que nous avons décidé de retourner au Royaume-Uni, quelques années après avoir installé 80,000 Hours dans la région de la baie de San Francisco pour être plus proches d’un « noyau industriel » d’individus cherchant à avoir un impact positif.
Si vous n’avez pas l’impression que votre vie sociale vous convient là où vous êtes actuellement, vous avez davantage à gagner à changer de ville. Une autre option : partir pour quelques années afin de bâtir votre réseau et rentrer chez vous ensuite. Ou bien, si vous ne pouvez pas déménager, vous rendre de façon périodique dans le pôle d’activité de votre secteur.
Si vous hésitez entre plusieurs endroits, l’idéal est de passer au moins quelques mois dans chacun d’entre eux.
Si vous souhaitez en savoir plus sur le sujet, nous vous recommandons le livre Who’s Your City de Richard Florida. En annexe, vous y trouverez une feuille de score dont vous pouvez vous servir pour noter différentes villes d’après des prédicteurs de satisfaction géographique. Attention, cependant : nous sommes sceptiques vis-à-vis des classements de lieux établis par l’auteur lui-même (voir cette critique, par exemple), et les données datent de 2008. Nous avons également apprécié cet essai de Paul Graham sur la question. Vous trouverez dans cet article une liste des lieux où se regroupe notre communauté.
8. Appliquez les recherches scientifiques relatives au bonheur
La plupart des conseils en matière de bonheur ne se basent sur rien de tangible, mais les dernières décennies ont vu l’émergence de la « psychologie positive » – la science des causes du bien-être –, comme nous l’avons vu dans un article précédent.
Les spécialistes de ce domaine ont mis au point des exercices pratiques et faciles à réaliser pour rendre les individus plus heureux, et ont testé leur efficacité avec rigueur. Pour nous, c’est une des meilleures ressources si vous cherchez des conseils pour travailler sur cet aspect.
Ces recherches insistent en partie sur l’importance des fondamentaux – le sommeil, l’exercice physique, la famille, le cercle amical et la santé mentale3. Mais elles ont également fait de nombreuses découvertes intéressantes.
Renforcer son bonheur n’est pas seulement bon en soi : c’est aussi un paramètre qui améliore votre productivité, vous rend plus apte à porter le progrès social et diminue vos risques de burn-out12.
Les méthodes listées ci-dessous sont recommandées par le professeur Martin Seligman, un pionnier de ce domaine. La plupart figurent dans son livre S’épanouir. Une partie de ces techniques ont été reproduites avec succès, et de nombreuses méta-analyses récentes ont constaté des effets positifs statistiquement significatifs pour la totalité d’entre elles13. Essayez-les, et si elles vous aident, persistez dans cette voie.
- Évaluez votre niveau de bonheur à la fin de chaque journée. Vous prendrez davantage conscience de vous-même et pourrez évaluer vos progrès au fil du temps. Moodscope est un bon outil pour ça.
- Tenez un journal de gratitude. Chaque soir, notez trois choses pour lesquelles vous êtes reconnaissante ou reconnaissant, et précisez pourquoi elles sont arrivées. Il existe d’autres méthodes intéressantes de cultiver ce sentiment, comme la « visite de gratitude ».
- Mettez à profit les points forts qui vous caractérisent. Passez le test de l’institut VIA pour découvrir vos forces puis assurez-vous de vous servir d’une des cinq plus importantes chaque jour. Voir ici pour en savoir plus.
- Apprenez les bases de la thérapie cognitivo-comportementale (TCC). L’idée fondamentale de la TCC est le noyau de vérité que contient le concept de « pensée positive » : la souffrance est souvent causée par des croyances négatives, et on peut changer ces croyances. Et c’est exactement ce que vous permettent de faire de nombreuses techniques mises au point par la TCC. L’ABC de la TCC, par exemple, est un exercice simple que vous pouvez faire tous les soirs. Pour davantage d’informations, voir la section 2 ci-dessus.
- Essayez la pratique de la pleine conscience – vous pouvez typiquement avoir recours à la méditation. L’efficacité de la méditation pour le bien-être, le stress, la santé mentale, la concentration, l’empathie et plus encore est corroborée par les résultats de nombreuses expériences. Vous trouverez une analyse d’une partie de ces travaux dans Altered Traits de Daniel Goleman et Richard Davidson et certaines vastes études dans les notes de bas de page14. Plus important, vous n’avez pas grand-chose à perdre à tenter le coup 20 minutes par jour pendant deux ou trois mois et à voir si vous vous sentez mieux après. L’application Waking Up de Sam Harris est un bon point de départ. Elle présente un cours introductif ainsi que les programmes de plus de 20 autres professeures et professeurs, que vous pouvez explorer pour trouver le style qui vous convient le plus (par exemple, je [Benjamin] trouve celui de Loch Kelly particulièrement précieux). Le livre Méditer pour ne plus stresser de Danny Penman et Mark Williams, une excellente introduction lui aussi, vous propose un programme de 8 semaines. Ce cours est similaire à la « Réduction du stress basée sur la pleine conscience », un programme hebdomadaire qui se base sur des preuves scientifiques et sera peut-être disponible près de chez vous.
- Tâchez d’accomplir une bonne action par jour – donner à une organisation caritative, faire un compliment à quelqu’un ou aider un ou une collègue de travail, par exemple.
- Entraînez-vous à répondre de manière active-constructive pour saluer les succès d’autrui.
- Personnalisez votre travail. Nous avions vu, dans un article précédent, les ingrédients d’un emploi satisfaisant. Il est souvent possible d’adapter certains éléments de votre poste pour réunir plus de ces ingrédients satisfaisants, comme l’état de « flow », et moins de ce qui vous déplaît. Il peut s’agir de quelque chose de très simple, comme passer plus de temps avec une personne que vous appréciez dans le cadre professionnel. Parfois, vous pouvez aussi trouver davantage de sens dans votre travail. Adam Grant a mené une étude sur des équipes qui collectaient des dons pour des bourses étudiantes. Il a constaté que leur présenter des bénéficiaires de ces bourses augmentait drastiquement leur productivité15. Cette technique est d’autant plus importante si le parcours que vous avez choisi pour avoir un impact positif est abstrait, comme peut l’être la stratégie gagner pour donner. Comment faire apparaître plus nettement cette contribution ? Des expériences ont constaté l’efficacité des exercices de jobcrafting ou personnalisation de son travail. Vous trouverez ici l’analyse d’une partie de ces recherches et là une introduction plus pratique.
Pour davantage d’exercices, consultez les cours gratuits de Clearer Thinking et lisez Comment être heureux… et le rester de Sonja Lyubomirsky.
9. Économisez davantage grâce aux astuces ci-dessous
Nous recommandons de viser assez d’économies pour être capable de vivre confortablement au moins 6 mois sans revenu, 12 dans l’idéal (en fonction du temps qu’il vous faudrait pour trouver un nouvel emploi). En plus de la sécurité, cette réserve vous offre la flexibilité nécessaire pour envisager de gros changements de carrière et prendre des risques.
Alors, comment pouvez-vous faire des économies ?
- Épargnez automatiquement. Créez un virement récurrent de votre compte courant à un compte épargne pour ne pas considérer cet argent comme « possible à dépenser ».
- Cherchez les grosses victoires. Plutôt que de faire en permanence des économies de bouts de chandelle et de vous interdire le café latte qui vous fait de l’œil, identifiez un ou deux postes de dépenses de votre budget que vous pourriez diminuer drastiquement. Souvent, c’est en prenant un appartement plus petit ou en partageant un logement avec quelqu’un d’autre que vous pouvez rogner le plus sur vos dépenses.
- Mais attention à ne pas remplacer des dépenses en argent par des dépenses en temps libre. Mettons que vous ayez l’opportunité d’économiser 100 € par mois en déménageant plus loin de votre lieu de travail, augmentant d’une heure votre trajet quotidien. Ce temps serait peut-être mieux employé à travailler davantage, augmentant vos chances d’obtenir une promotion, ou vous permettant de gagner plus d’argent. Il vous suffirait de 5 € de plus par heure pour compenser le loyer près de votre lieu de travail.
- Tant que vous n’avez pas vos 6 mois de matelas de sécurité, ramenez vos dons à 1 % maximum.
- Pour aller plus loin, vous pouvez lire Devenez riche de Ramit Sethi ou Mr. Money Mustache. Ils ne sont malheureusement pas pour tout le monde en termes de ton, mais leurs conseils font partie des meilleurs, à notre connaissance.
Gardez à l’esprit qu’il sera peut-être plus efficace de chercher avant tout à gagner davantage plutôt qu’à dépenser moins, notamment en négociant votre salaire.
Une fois que vous mettez 15 % de votre revenu de côté et que vous avez au moins 6 à 12 mois de matelas de sécurité, passez à l’étape suivante.
(Si vous voulez donner à des organismes à but non lucratif, vous trouverez des conseils financiers adaptés dans ce guide introductif et ce guide avancé.)
10. Apprenez à apprendre
Apprendre à apprendre est une autre compétence qui vous servira dans n’importe quel travail.
C’est peut-être étonnant, mais vous pouvez considérablement améliorer la vitesse à laquelle vous acquérez des connaissances. Un exemple : la répétition espacée. La recherche montre qu’il y a une fréquence optimale de révision pour mémoriser des éléments, tels qu’un mot dans une langue étrangère. En vous appuyant sur cette fréquence, vous pouvez mémoriser les informations beaucoup plus vite. Aujourd’hui, il y a des outils qui organisent la révision espacée à votre place, comme Anki, qui vous permet de faire vos propres flashcards. N’hésitez pas à jeter un œil à cet essai sur l’utilisation d’Anki.
Il existe beaucoup d’autres techniques. Notre recommandation prioritaire sur le sujet est le programme Apprendre à apprendre de la professeure Barbara Oakley sur Coursera, qui est à l’heure actuelle le cours en ligne le plus consulté de tous les temps. Vous pouvez aussi lire le livre sur lequel il se base : On ne naît pas brillant, on le devient.
Si vous avez envie de vous renseigner en profondeur sur un domaine particulier ou de développer une opinion sur un sujet important, l’apprentissage par l’écriture est peut-être la technique qu’il vous faut.
Enfin, Peak du professeur K. Anders Ericsson est un livre fascinant (bien que polémique) sur l’importance de la pratique dans le développement d’une expertise et sur les meilleures stratégies pour progresser. En bref, vous devez avoir :
- Des objectifs spécifiques, axés sur l’amélioration de vos points faibles ;
- Des retours rapides sur vos performances ;
- Un niveau de concentration élevé sur l’activité ;
- Un encadrement (coach, professeur…) de qualité.
Nombreuses sont les personnes qui ne sont pas des expertes de la conduite, malgré des milliers d’heures au volant. C’est parce que leur entraînement ne réunit pas ces ingrédients – leur compétence atteint rapidement un plateau. C’est également le cas pour beaucoup de monde dans divers emplois.
L’excellent article Deliberate Performance, de Peter Fadde et Gary Klein, propose des techniques pour transformer n’importe quelle activité en entraînement qui vous permette d’améliorer vos compétences. Vous en trouverez un résumé ici.
Une fois que vous maîtrisez les fondamentaux, penchez-vous sur des compétences plus spécifiquement applicables (voir les deux étapes à venir).
11. Soyez stratégique pour améliorer vos performances au travail
Comment mieux faire votre travail ? Comme nous l’avons vu dans un article précédent, de bonnes performances à votre poste vous apportent toutes sortes d’avantages annexes :
- Votre palmarès et votre réseau seront plus intéressants, ce qui renforcera votre capital professionnel.
- Vous aurez la sensation de maîtriser ce que vous faites et donc une meilleure satisfaction au travail.
- Votre impact positif sera plus important.
Travailler plus dur peut vous aider : si vous dépassez de 10 % les efforts de tout le monde, vous avez de bonnes chances de vous démarquer. Mais c’est encore mieux de travailler plus intelligemment.
Posez-vous une question fondamentale : « Qu’est-ce qui permet vraiment de progresser à ce poste ? » Il est facile de se laisser distraire des rares paramètres qui comptent réellement. Si vous occupez un poste de commercial, il s’agit des recettes que vous engrangez. Si vous êtes universitaire, c’est le nombre de bons articles que vous publiez.
Parlez à des personnes qui ont réussi dans votre domaine et tentez d’identifier l’élément qui leur a permis de décoller. Ne vous contentez pas de les croire sur parole et trouvez ce qu’elles ont vraiment fait. Puis, en vous appuyant sur les ressources de la section « Apprendre à apprendre » juste au-dessus, trouvez comment maîtriser cette clé du succès. Arrangez-vous pour ne pas perdre de temps avec tout le reste.
Pour aller plus loin, nous vous recommandons les travaux de Cal Newport :
- Ils ne pourront plus se passer de toi
- Deep work
- Le cours virtuel Top Performer. Vous pouvez également retrouver certaines des idées fondamentales de ce cours dans cette série d’articles de Scott Young, l’un de ses co-créateurs :
12. Servez-vous de la recherche en prise de décision pour mieux réfléchir
Un autre exemple de compétence utile dans tous les métiers, mais souvent non enseignée explicitement, c’est la réflexion lucide. La recherche suggère que l’intelligence et la rationalité sont deux facultés distinctes (ce qui expliquerait peut-être pourquoi des gens intelligents prennent tant de décisions stupides), mais, heureusement, la seconde est plus facile à apprendre16.
La réflexion lucide est aussi particulièrement importante quand on veut rendre le monde meilleur. Comme nous le montrons dans le reste de ce guide, avoir un impact social important nécessite de prendre de nombreuses décisions difficiles et de surmonter ses biais naturels – et ce dans des domaines où il n’existe pas de réponses claires et où on ne peut se baser que sur son jugement.
Alors, comment gagner en rationalité ?
Grosso modo, il s’agit d’avoir la bonne mentalité, de développer les bonnes habitudes de pensée et de s’entraîner.
Nous considérons que les recherches de Philip Tetlock en matière de prédictions font partie des meilleurs travaux scientifiques qui se penchent sur la question d’apprendre à mieux réfléchir. Il a demandé à des individus de réaliser des prévisions compliquées – qui remporterait la prochaine élection, par exemple, ou si la Russie déclarerait la guerre à l’Ukraine – et a mesuré les meilleures performances. Il a ainsi identifié les caractéristiques des prévisionnistes qui touchaient le plus juste et s’en est servi pour développer un programme de formation à la prévision. Enfin, il a testé ce programme, et les résultats semblent montrer qu’il aide vraiment à améliorer les capacités de prédiction !
En nous inspirant de ces recherches, nous avons rédigé un article (indépendant du guide) sur la question de l’entraînement des capacités de jugement qui résume la mentalité et les techniques des prévisionnistes habiles. Il explique également comment tester ses compétences avec un entraînement à calibrer son jugement ou en émettant ses propres prédictions.
De manière plus générale, quelles sont les autres ressources pour apprendre à mieux réfléchir ?
Pour développer la bonne mentalité, nous recommandons The Scout Mindset de Julia Galef (que nous avons également interviewée dans notre podcast).
Il s’agit en partie de développer de meilleures habitudes de pensée. Des décennies de recherches ont montré que nos biais cognitifs nous poussent souvent à prendre de mauvaises décisions.
La conscience de ces biais ne suffit malheureusement pas à les faire disparaître, mais elle peut motiver à améliorer sa façon de penser, et la recherche a montré qu’on peut prendre certaines habitudes de réflexion qui améliorent notre résistance aux biais.
Par exemple, plusieurs études en prise de décision ont constaté que les choix de type « oui/non », ceux qui ne considèrent qu’une seule option, avaient beaucoup moins de chances d’aboutir à une décision jugée réussie que ceux qui présentaient plusieurs options comparées simultanément. Ce résultat laisse entendre qu’il vaudrait mieux prendre la simple habitude de toujours envisager au moins trois options lors d’une prise de décision. Vous retrouverez cette astuce et bien d’autres dans Comment faire les bons choix de Chip et Dan Heath. Nous avons également incorporé certaines de ces techniques dans notre méthode de décision de carrière.
Pour bien comprendre le monde ou prévoir l’avenir, il est important de mettre à jour vos opinions de façon adéquate (c’est-à-dire en conformité avec le théorème de Bayes) chaque fois que vous rencontrez une nouvelle donnée. C’est une idée si cruciale que nous lui avons consacré tout un épisode de notre podcast : À quel point changer ses convictions à la lumière de données nouvelles ? Dr Spencer Greenberg nous apprend à résoudre les questions épineuses du quotidien avec une approche scientifique.
Enfin, vous pouvez améliorer votre jugement en mettant au point votre boîte à outils de concepts et de modèles mentaux. Cela signifie comprendre les grandes idées de chaque domaine. Peter McIntyre, ex-membre de 80,000 Hours, a créé une liste de 52 concepts clés que vous pouvez apprendre en un an via une newsletter hebdomadaire.
Il est particulièrement fondamental de comprendre les bases des statistiques et l’analyse de décision. L’excellent How to Measure Anything, de Douglas Hubbard, vous propose une approche rationnelle pour aborder des problèmes complexes.
Si vous souhaitez étudier la question encore plus en profondeur, vous pouvez jeter un œil à nos notes sur le bon jugement et les moyens de le développer, ainsi que les cours gratuits de Clearer Thinking.
13. Formez-vous aux compétences de travail ci-dessous
Une fois que vous avez les bases, que vous maîtrisez les compétences qui vous rendent plus efficace en général et que vous avez ciblé ce qui vous permet de mieux performer dans votre travail, il est temps de vous concentrer sur les aptitudes de travail classiques comme le management et le marketing.
La meilleure façon de vous améliorer dans ces compétences est de les appliquer dans le cadre de votre travail et d’obtenir des retours de la part de quelqu’un qui a davantage d’expérience.
Donc, plutôt que d’accumuler des connaissances en autodidacte, tâchez d’incorporer de nouvelles compétences dans votre quotidien professionnel ou de vous lancer dans un projet à côté. Par exemple, si c’est le web design que vous voulez apprendre, proposez de concevoir un site internet pour un groupe auquel vous appartenez. Travailler pour un projet est aussi beaucoup plus motivant que tenter d’apprendre de manière abstraite. (Et n’oubliez pas d’appliquer tous les conseils de la section précédente pour optimiser votre apprentissage.)
Cela dit, l’autoformation est aussi plus facile que jamais grâce à l’essor de cours en ligne très peu coûteux comme Udacity, Coursera et EdX.
Quelles compétences cibler avant tout ?
Nous avons cherché les compétences professionnelles transférables les plus utiles dans les emplois les plus intéressants et globalement constaté que quatre se détachaient :
- L’analyse, notamment la prise de décision, la pensée critique et la résolution de problèmes ;
- L’apprentissage de nouvelles connaissances et informations ;
- Les compétences sociales, notamment la communication orale, l’écoute active, la perspicacité sociale et la persuasion ;
- Le management, notamment le suivi des performances et du personnel, la gestion du temps et la coordination d’équipes.
On peut les regrouper sous la notion de compétences de « leadership ». Et elles semblent toujours faire partie des aptitudes les plus recherchées à l’ère de GPT.
Nous avons déjà traité de nombreux moyens de s’améliorer dans ces compétences au sein des sections sur l’optimisation de la capacité à bien raisonner, de l’apprentissage et des aptitudes sociales.
Le problème des compétences de leadership, c’est qu’on peut certes s’améliorer en partie, mais qu’on a tendance à progresser assez lentement après avoir acquis les fondamentaux.
Le contraste avec la programmation, par exemple, est frappant : on peut commencer sans la moindre connaissance, maîtriser des compétences utiles au bout d’un ou deux ans de pratique, et atteindre un niveau d’expertise avancé au-delà.
Alors, que faire ? Notre suggestion : trouver des moyens concrets de s’améliorer de manière notable dans les compétences de leadership ci-dessus, puis se concentrer sur des capacités concrètement utiles mais plus rapides à apprendre, notamment tout ce qui relève du technique et du quantitatif, ou d’autres aptitudes spécialisées qui vous semblent particulièrement utiles pour vos plans de carrière.
N’oubliez pas de prendre en compte votre adéquation personnelle vis-à-vis des compétences en question. Certaines seront plus rapides à apprendre pour vous que d’autres, et vos efforts seront donc plus efficaces là-dedans qu’ailleurs. Demandez-vous également quelles aptitudes seront les plus utiles dans les options que vous visez.
En d’autres termes, pour bien choisir les compétences dans lesquelles vous allez investir, il vous faut le bon équilibre entre valeur future pour votre carrière et rapidité d’apprentissage pour vous.
Quelques listes d’aptitudes à envisager
Vous pouvez en choisir une et vous concentrer dessus pour trois mois (et peut-être plus, si vous décidez de vous spécialiser dedans).
Notre article sur le capital professionnel liste un certain nombre de compétences de travail transférables et de ressources pour les apprendre : apprentissage automatique, développement logiciel, data science, sécurité de l’information, statistiques appliquées, management, marketing, vente, et connaissance de la Chine ou d’autres économies émergentes.
Dans la section sur les études supérieures, nous vantons également les mérites de l’apprentissage automatique et de l’économie, mais aussi d’autres sciences « quantitatives » appliquées (comme l’informatique, la physique ou les statistiques), de sous-domaines de la biologie pertinents dans le cadre de la prévention de pandémies futures (biologie de synthèse, biomathématique, virologie, immunologie, pharmacologie, vaccinologie), de la sécurité, des relations internationales, des politiques publiques et du droit.
Pour prendre en compte l’impact social, vous pouvez aussi vous référer aux catégories de notre article sur les carrières à fort impact : développement d’organismes et entrepreneuriat, communication et communauté, recherche et connaissances sur le gouvernement et la politique.
Quelles sont les meilleures associations de compétences ?
Demandez-vous si vous voulez vous concentrer sur une compétence principale ou en explorer plusieurs. Dans certains domaines, pour réussir, il faut avoir un niveau exceptionnel dans une chose en particulier – par exemple, votre progression dans une carrière académique dépend majoritairement de la qualité de vos publications. Si vous êtes dans ce cas de figure, concentrez-vous sur la compétence prioritaire. À noter aussi qu’un seul accomplissement très impressionnant a tendance à ouvrir davantage de portes que plusieurs accomplissements solides mais plus ordinaires.
En revanche, dans d’autres domaines, il peut s’avérer utile de privilégier un panel de compétences inhabituel et de devenir le meilleur ou la meilleure dans cette niche. Par exemple, Scott Adams, le créateur de Dilbert, a affirmé que son succès venait de compétences raisonnablement élevées à la fois en humour, en dessin BD et en connaissances sur le monde des affaires. Beaucoup le dépassaient dans ces dimensions prises une par une, mais dans l’ensemble des trois, il n’y avait quasiment personne au-dessus de lui dans le monde entier.
Cela dit, toutes les associations de compétences n’ont pas la même valeur, et nous ne sommes pas en mesure de vous conseiller en quelques mots et de façon très arrêtée une liste des meilleures combinaisons ou de vous dire s’il vaut mieux se concentrer sur une seule compétence ou sur plusieurs.
En revanche, il y a un alliage qui semble bien fonctionner : compétences quantitatives et compétences sociales. Avec l’essor de la technologie, il y a de plus en plus de demande pour les profils capables de travailler à l’intersection de l’humain et de la technologie. Et comme on a généralement tendance à se spécialiser dans l’un ou dans l’autre, il y a pénurie de personnes capables de faire les deux17.
14. Maîtrisez un domaine et contribuez de façon créative
Une fois que vous avez suivi les étapes précédentes, et donc saisi toutes les opportunités accessibles et exploré différents domaines, une étape finale possible est de devenir experte ou expert dans un ensemble de compétences intéressant ou un problème mondial. C’est à ce moment-là qu’on peut profiter de la satisfaction profonde de maîtriser son sujet et avoir un impact important dans un domaine. Cependant, là où quelques années suffisent pour venir à bout des étapes précédentes, la véritable expertise prend en général des décennies.
Alors, comment acquérir un tel niveau ? C’est le sujet de débats enflammés.
Une croyance répandue veut que, dans chaque domaine, il existe des prodiges capables d’atteindre sans effort une maîtrise totale.
Mais le chercheur le plus célèbre dans la recherche sur les performances expertes, K. Anders Ericsson, a largement démenti cette idée reçue (comme vu précédemment dans l’article sur le capital professionnel). Dans n’importe quel domaine où on peut observer de vastes différences de compétences, les personnes les plus performantes ont systématiquement derrière elles une très longue pratique ciblée, généralement sous la supervision de mentors de qualité. Les enfants prodiges comme Mozart ont bénéficié d’une longueur d’avance en travaillant plus dur et plus tôt que les autres.
Mais la question de savoir si l’entraînement fait l’essentiel de la réussite ou si le talent a aussi un rôle primordial reste à trancher18. Étant donné l’absence de consensus à l’heure actuelle, la position la plus raisonnable nous semble être de considérer que les deux facteurs sont importants.
Pour atteindre un niveau expert, il faut donc quatre paramètres :
- Du talent pour la discipline en question ;
- Les bonnes techniques d’entraînement et le bon encadrement ;
- 5 à 30 ans de pratique concentrée ;
- De la chance.
La quantité de pratique nécessaire dépend du secteur. Les données à notre disposition indiquent que cette durée de travail augmente pour les domaines bien établis et prédictibles comme la course à pied. Dans un domaine plus récent et plus fluide, vous pouvez atteindre les premières lignes plus rapidement.
Alors comment choisir sur quoi se concentrer ?
D’abord, si vous vous apprêtez à investir (potentiellement) des décennies de travail, il vaut mieux pour vous que ce soit dans une compétence ou un domaine pertinents. Voir nos ressources sur les problèmes les plus importants à l’échelle mondiale, les compétences les plus recherchées et les parcours à fort impact.
Ensuite, vous avez intérêt à choisir un secteur où vous avez des chances raisonnables d’atteindre un niveau expert. Vous pouvez prendre le raccourci qui consiste à vous concentrer sur un domaine nouveau et encore négligé, où il sera bien plus facile de vous hisser au sommet. Par exemple, il nous semble que l’équipe de GiveWell a atteint un niveau expert dans l’évaluation d’organismes à but non lucratif en environ 5 ans malgré leur peu d’expérience préalable de ce domaine.
Au-delà de ces stratégies, et comme nous l’avons vu précédemment dans l’article sur l’adéquation personnelle, c’est difficile de deviner à l’avance qui va atteindre les meilleures performances. Donc, même s’il est possible de réduire ses options, par exemple en demandant à des spécialistes d’évaluer son potentiel, il reste fondamental de tester de nombreux domaines.
Ci-dessous, une méthode générale pour choisir ce sur quoi vous allez vous concentrer :
- Envisagez beaucoup d’options. Explorez et testez-les à petite échelle.
- Élaguez en fonction de (i) vos potentielles chances de succès, (ii) ce que vous êtes le plus susceptible d’apprécier et (iii) ce qui vous semble le plus pertinent à maîtriser sur le marché.
- Pour évaluer vos chances de succès, vous pouvez prendre en compte (i) ce dans quoi vous progressez le plus vite, (ii) des évaluations de votre potentiel par des spécialistes, (iii) des prédicteurs de succès objectifs (par exemple, parvenir à rejoindre une école doctorale réputée est un prédicteur de succès dans la recherche) et (iv) ce qui vous motive le plus, puisque réussir nécessite de maintenir un bon niveau d’enthousiasme sur de nombreuses années. Appuyez-vous sur les ressources pour faire de meilleures prévisions que nous vous avons présentées ci-dessus.
- Ouvrez-vous à la possibilité de vous engager dans une voie pour deux ou trois ans avant de faire le point à nouveau. Servez-vous de cette étape comme d’une opportunité de mettre en application les recherches sur l’optimisation de l’apprentissage que nous avons traitées plus haut.
- Si tout se passe bien, envisagez de vous engager encore plus loin dans cette compétence ou ce domaine. Attendez-vous à devoir affronter des années de travail acharné, mais gardez à l’esprit que votre intérêt pour le sujet a de bonnes chances de gagner en intensité, et non l’inverse, à mesure que votre maîtrise du sujet progressera et que vous deviendrez capable de mettre vos compétences au service des autres.
Pour en apprendre davantage sur la notion de se construire une expertise, nous vous recommandons Peak de K. Anders Ericsson (mais gardez en tête que c’est un fervent défenseur de l’idée que la pratique prime sur le talent), ainsi que L’Art de la niaque, d’Angela Duckworth, qui traite du développement de la passion et de la persévérance.
Un des apports clés des spécialistes, c’est la proposition de nouvelles solutions auxquelles personne n’avait jamais pensé. Il n’y a malheureusement, à notre connaissance, pas beaucoup de bons conseils pour gagner en innovativité, mais nous pouvons recommander Osez sortir du rang ! du professeur Adam Grant.
Et quand vous avez atteint le statut de spécialiste ? Servez-vous de vos compétences pour résoudre les problèmes les plus urgents du monde. Contribuez par vos actions.
Vous pouvez en apprendre plus sur ce dont il y a le plus besoin pour chacun d’entre eux via nos profils d’enjeux.
15. Travaillez à devenir une meilleure personne
En fin de compte, rien de ce que nous avons vu plus haut ne vaut grand-chose si vous ne vous en servez pas pour la bonne cause.
Par « devenir une meilleure personne », nous entendons travailler à la compréhension de vos propres valeurs, vivre en accord avec ces valeurs et donner un sens à votre existence.
Devenir une meilleure personne est un cheminement qui dure toute la vie. Voilà quelques stratégies à envisager :
- Prenez le temps de réfléchir à vos valeurs et à vos objectifs. Une méthode que nous trouvons utile consiste à prendre un moment chaque année pour identifier ce qui compte à nos yeux, si nos actions actuelles sont à la hauteur de ces valeurs et quels seront les objectifs à prioriser pour l’année suivante. Nous avions déjà évoqué ci-dessus la possibilité de faire un bilan de vie annuel. Par « valeurs », nous entendons ici ce qui constitue selon vous une vie réussie. Pour être plus au clair à ce sujet, demandez-vous encore et encore pourquoi vous visez vos objectifs actuels, jusqu’à avoir épuisé toutes les raisons sous-jacentes. Ou alors, imaginez que vous alliez mourir dans un an et demandez-vous ce que vous allez faire dans le temps qu’il vous reste.
- Renseignez-vous sur ce qui a déjà été écrit sur le sujet. Les gens se posent des questions sur « comment être une bonne personne » depuis des millénaires, alors ne vous contentez pas d’introspection pour y répondre. Il est notamment judicieux de connaître quelques bases de philosophie morale. L’un de nos articles les plus pertinents à ce niveau est notre définition de l’impact social, qui s’attache à en synthétiser un large éventail. Si vous voulez aller plus loin dans la philosophie théorique, vous pouvez tenter Being Good de Simon Blackburn, ou, plus poussé, Reasons and Persons de Derek Parfit. Vous aurez peut-être envie d’explorer certaines des grandes traditions spirituelles (je vous conseillerais personnellement de vous intéresser à la méditation et au bouddhisme séculier, par exemple via le cours Buddhism and Modern Psychology, ou le livre Pour une spiritualité sans religion de Sam Harris). Remettez activement vos opinions en cause et identifiez les angles morts où votre jugement pourrait être erroné.
- Travaillez votre caractère au quotidien. Nous entendons par là développer des qualités comme la persévérance, la maîtrise de soi, le courage, la gratitude, la gentillesse, la serviabilité, la curiosité, l’humilité, la prudence, la justice, le respect des normes importantes, l’honnêteté, l’intégrité et la sincérité. Ces points forts sont vitaux pour mener une vie épanouie et réussie comme pour aider les autres. Sans compter que la faiblesse de caractère peut facilement transformer un impact positif en impact négatif, par exemple si on succombe à la tentation de recourir à un acte contraire à l’éthique pour protéger sa position, si on entache la réputation de son domaine de travail ou si on entrave la coopération. C’est pourquoi ces qualités sont à nos yeux une part importante de votre capital professionnel. Notre podcast avec Tim LeBon explore davantage la question de l’importance de la personnalité et des moyens de développer les bonnes qualités. Vous pouvez également consulter ce fil de discussion sur X concernant l’intérêt de cette question dans le cadre du projet de l’altruisme efficace, ainsi que le livre de David Brooks, The Road to Character.
Pour entretenir lesdites qualités, vous pouvez vous entourer de personnes que vous souhaitez prendre pour modèles ainsi qu’adopter de petites habitudes de comportement. Si vous valorisez l’honnêteté de manière générale, entraînez-vous à vous montrer honnête tous les jours dans des situations à faibles enjeux. Vous pourrez ainsi plus facilement prendre la bonne décision le jour où la véritable tentation viendra. Un exercice qui nous plaît bien : choisir chaque année 1 à 3 qualités sur lesquelles mettre particulièrement l’accent.
Quels traits de caractère cibler ? La liste ci-dessus est un bon point de départ. L’institut VIA a recensé 24 forces de caractère qui sont valorisées dans de nombreuses cultures et traditions. Si vous souhaitez vous concentrer en particulier sur celles qui permettent d’avoir un impact positif important, vous pouvez aussi consulter les articles suivants : Doing good together, Avoiding accidental harm, Reflecting on the last year (Toby Ord), Integrity for consequentialists, Virtues for real-world utilitarians. - De temps en temps, mettez-vous vraiment au défi : changez de travail pour aider d’autres personnes, donnez davantage ou prenez position sur un sujet. Vous pouvez, par exemple, vous fixer un gros défi moral chaque année.
Investir dans votre succès futur : les avantages des intérêts composés
Comme nous l’avons vu, même si vous n’êtes pas encore dans votre travail idéal, vous pouvez déjà faire beaucoup pour améliorer votre bien-être, gagner en productivité et vous mettre dans la meilleure position possible pour avoir un impact positif sur le monde.
Le savoir et la productivité fonctionnent comme des intérêts composés. Si on met face à face deux personnes dotées à peu près des mêmes capacités mais dont l’une travaille 10 % plus que l’autre, les résultats de celle-ci seront plus de deux fois meilleurs. Plus vous en savez, plus vous apprenez ; plus vous apprenez, plus vous savez faire ; et plus vous savez faire, plus vous avez d’opportunités.
Richard Hamming, You and Your Research
Si vous appliquez les principes sur la productivité et l’optimisation de l’apprentissage, vous pouvez progresser plus rapidement dans tout. De la même façon, utiliser les ressources en psychologie positive augmentera votre bonheur et vous aidera ainsi à améliorer votre productivité. Vous entourer de personnes qui vous soutiennent vous aidera également pour tout le reste, et ainsi de suite.
Ainsi, au fil des ans, vous apprendrez à réussir, accumulerez du capital professionnel et accomplirez bien plus que vous ne l’imaginiez sans doute au départ.
Alors, choisissez une des 15 catégories et commencez. (En cas de difficulté à vous lancer, consultez les techniques de motivation ci-dessus !)
Nous allons ensuite voir comment mettre en œuvre l’ensemble de ce que nous avons vu dans ce guide et éviter les erreurs de planification les plus courantes.
Vous pouvez faire une pause en lisant comment nous avons fait de ces conseils une routine quotidienne.
- Ces recherches sont traitées dans le livre Rethinking Positive Thinking de Gabriele Oettingen (publié le 10 novembre 2015). Le New York Times l’a résumé dans un article populaire. En fait, Gabriele Oettingen a même constaté que penser à vos risques d’échec les plus importants augmente vos chances d’atteindre vos objectifs ; en un sens, la pensée négative est donc plus efficace dans ce contexte. Il y a en revanche d’autres formes de pensée positive qui sont bel et bien utiles. La TCC, comme évoqué dans l’article, se base sur l’idée que beaucoup de problèmes de santé mentale sont causés par des croyances contre-productives, qui peuvent être changées en les remettant en question (entre autres techniques). La « pensée positive » peut donc fonctionner, mais seulement sous certains aspects et dans certains contextes. ↩
- Mais il y a cet autre groupe de personnes qui donnent que j’appelle les « altru-égoïstes », qui ont à cœur les intérêts de leur prochain tout en veillant également aux leurs. Ces individus vont chercher des manières d’aider les autres qui ne leur coûtent pas grand-chose, ou même qui leur rapportent beaucoup ; c’est une mentalité « gagnant-gagnant », et non gagnant-perdant. Mais voici l’ironie de la chose : les donneurs et donneuses purement altruistes font peut-être preuve de davantage de générosité en théorie, en plaçant en permanence les intérêts des autres avant les leurs, mais mes données ainsi que les recherches menées par nombre de collègues montrent que ces personnes sont finalement moins généreuses dans la pratique, car elles tombent à court d’énergie, de temps ou de ressources ; car elles ne prennent pas assez soin d’elles-mêmes, tout simplement. Les donneuses et donneurs « altru-égoïstes » parviennent à maintenir leur générosité en trouvant des moyens de diminuer les impacts négatifs et de maximiser les impacts positifs de leurs actions sur leur propre personne.
Extrait d’une interview avec Adam Grant par Wharton qui synthétise ses recherches (lien de l’archive du 6 avril 2017).
Vous trouverez davantage de détails dans son livre Donnant, donnant (publication originale le 25 mars 2014). ↩ - L’importance de la santé, de l’alimentation, de l’activité physique et des relations humaines pour le bonheur au quotidien est une notion qui, selon nous, relève du bon sens. Les données disponibles (nous avons analysé ici la littérature scientifique au sujet de la psychologie positive) semblent également en faveur de cette idée (et notamment de l’importance des relations de forte proximité), ou du moins ne pas la contredire. Il y a également des recherches qui se sont spécifiquement penchées sur l’impact du sommeil sur l’humeur.
À noter que nous n’avons pas trouvé de preuves directes convaincantes qu’une alimentation saine ait un impact positif sur l’humeur, mais, selon toute vraisemblance, bien manger améliore la santé et l’énergie, et ces deux progrès vont à leur tour améliorer l’humeur à long terme. ↩ - Différentes enquêtes donnent différents résultats, mais 30 % nous semble être une approximation raisonnable. Par exemple, le National Institute of Mental Health (NIMH) aux États-Unis déclare que 30,6 % des 18 à 25 ans et 25,3 % des 26 à 49 ans souffrent d’« un quelconque trouble mental ». Lien de l’archive du 28 février 2023.
Le NIMH a également constaté que 17 % des 18 à 25 ans avaient vécu un épisode dépressif majeur au cours des 12 derniers mois, contre seulement 5,4 % des plus de 50 ans. Lien de l’archive du 8 mars 2023. ↩ - L’étude majeure ci-dessous, qui a été publiée dans The Lancet, a constaté les 5 causes principales de mauvaise santé suivantes (mesurées en pourcentage d’années de vie corrigées de l’incapacité) pour les 25-49 ans :
• Accidents de la route (5,1 %)
• VIH/SIDA (4,8 %)
• Cardiopathie ischémique (4,7 %)
• Lombalgie (3,9 %)
• Céphalées (3,7 %)
Source : figure 2, « Global burden of 369 diseases and injuries in 204 countries and territories, 1990–2019: a systematic analysis for the Global Burden of Disease Study 2019 ».
D’après le gouvernement des États-Unis :
La vaste majorité de la population touchée par le VIH vit dans les pays à revenu faible ou intermédiaire. En 2021, il y avait 20,6 millions de personnes atteintes du VIH (53 %) en Afrique orientale et australe, 5 millions (13 %) en Afrique occidentale et centrale, 6 millions (15 %) en Asie et dans le Pacifique, et 2,3 millions (5 %) en Europe occidentale et centrale, ainsi qu’en Amérique du Nord.
Et d’après le NHS :
La maladie cardiaque ischémique est généralement causée par une accumulation de dépôts de lipides (athérome) sur les parois des artères entourant le cœur (artères coronaires). La formation de plaques d’athérome obstrue partiellement les artères, limitant ainsi le flux sanguin vers le muscle cardiaque. Ce processus s’appelle athérosclérose. Le risque d’athérosclérose augmente de façon significative chez les personnes qui fument, qui ont une pression artérielle élevée (hypertension), qui ont un taux de cholestérol ou de lipoprotéine(a) élevé, qui ne font pas d’exercice régulier ou qui sont atteintes de diabète.
Tandis que, toujours d’après le NHS :
Le mal de dos peut avoir de nombreuses causes. L’origine de la douleur n’est pas toujours claire, et souvent, elle guérit d’elle-même.
Il semble donc que sauf accident de la route, si vous ne vivez pas dans un pays en développement et ne présentez pas un des facteurs de risque majeurs de la maladie cardiaque ischémique, la menace principale contre votre santé au cours de votre vie active soit la douleur lombaire. ↩ - Une intention d’objectif forte (« je vais atteindre Z ! ») ne garantit pas l’accomplissement de cet objectif. Les individus peuvent ne pas réussir à surmonter efficacement les problèmes d’autorégulation lorsqu’ils poursuivent leur but. Notre analyse vérifie si la réalisation des intentions d’objectifs est facilitée par la formulation d’implémentations d’intentions qui précisent à l’avance le quand, le où et le comment de la poursuite d’objectif (« Si la situation Y se présente, alors j’initie le comportement X pour maintenir mon objectif ! »). Les résultats de 94 tests indépendants ont indiqué un effet positif de moyenne à grande ampleur (d = 0,65) des implémentations d’intentions sur la réalisation des objectifs.
Gollwitzer, Peter M., et Paschal Sheeran. « Implementation intentions and goal achievement: A meta-analysis of effects and processes. » Advances in Experimental Social Psychology, 38 (2006) : 69-119.
Une méta-analyse ultérieure a corroboré ces résultats et constaté un effet encore plus important des implémentations d’intentions sur la réalisation des objectifs dans le cas de personnes atteintes de problèmes de santé mentale.
En excluant un effet aberrant (très important), on observe un effet de grande ampleur des implémentations d’intentions sur la réalisation des objectifs (d+ = 0,99, k = 28, N = 1,636). Les implémentations d’intentions se sont avérées efficaces dans le cadre de problèmes de santé mentale et objectifs variés, et dans des études présentant des approches méthodologiques différentes.
Toli, A., Webb, T. L., et Hardy, G. « Does forming implementation intentions help people with mental health problems to achieve goals? A meta-analysis of experimental studies with clinical and analogue samples. » British Journal of Clinical Psychology 55.1 (2015) : 69-90. ↩ - Le fondateur d’Asana est Dustin Moskovitz, le principal bailleur de fonds derrière Open Philanthropy, lui-même le grand donateur de 80,000 Hours. ↩
- Les spécialistes ne pensent pas que cet effet soit dû à une tendance des gens heureux à passer du temps les uns avec les autres – des techniques judicieuses ont été utilisées pour distinguer corrélation et causalité. Les comportements négatifs, comme le tabagisme, se répandent de manière similaire. Notre hypothèse est que le développement personnel et le caractère sont profondément influencés par les individus avec qui on passe du temps.
Fowler, James H., et Nicholas A. Christakis. « Dynamic spread of happiness in a large social network: longitudinal analysis over 20 years in the Framingham Heart Study » (lien de l’archive du 22 mars 2016), BMJ 337 (2008) : a2338. ↩ - Dans son livre Donnant, donnant, le psychologue Adam Grant soutient que les personnes « donneuses », qui aident les autres sans condition, ont davantage de chances de réussite :
Apparemment, dans le contexte professionnel, les donneurs sont tout simplement trop attentionnés, trop confiants et trop prêts à sacrifier leurs propres intérêts au profit de ceux d’autrui. De plus, comparativement aux preneurs et aux échangeurs, ils gagnent 14 % moins d’argent, ont deux fois plus de risque d’être victimes de crimes et sont perçus comme étant 22 % moins puissants et dominants.
Si les donneurs sont plus susceptibles de se retrouver au bas de l’échelle de la réussite, qui donc se retrouve au sommet, les preneurs ou les échangeurs ?
Aucun des deux groupes. Lorsque j’ai réexaminé les données, j’ai fait une découverte surprenante. Les donneurs se retrouvent également au sommet de l’échelle de la réussite.
La plupart des ingénieurs les moins productifs de l’étude californienne étaient des donneurs. Mais il s’avère que les ingénieurs les plus productifs étaient également des donneurs. Les ingénieurs californiens qui excellaient dans leur travail (tant sur le plan quantitatif que qualitatif) étaient ceux qui, régulièrement, offraient plus d’aide aux autres qu’ils n’en recevaient. Les donneurs affichaient donc les meilleures et les pires performances, tandis que les preneurs et les échangeurs affichaient des performances moyennes.
On constate la même tendance dans les autres secteurs professionnels. Ainsi, les étudiants en médecine de l’étude belge qui avaient les meilleurs résultats scolaires étaient des donneurs. Plus du dixième des notes supérieures (11 %) étaient détenues par des donneurs. Quant aux vendeurs, les moins productifs et les plus productifs étaient 25 % plus généreux que ceux qui affichaient des résultats de vente moyens. Par ailleurs, les vendeurs qui concluaient le plus grand nombre de marchés étaient des donneurs ; ils généraient des revenus 50 % plus élevés que ceux des preneurs et des échangeurs.
Bref, les donneurs dominent le haut et le bas de l’échelle de la réussite. Quel que soit le métier, on constate que les donneurs sont susceptibles de devenir autant des premiers que des derniers de la classe.
(Traduction : Pearson) ↩ - Les coefficients de corrélation entre le bonheur global et différents facteurs sont les suivants : 0,369 pour la satisfaction financière, 0,367 pour la satisfaction au travail et 0,303 pour la satisfaction vis-à-vis du logement. À titre comparatif, ils sont de 0,153 pour le revenu, 0,126 pour le fait de posséder son logement et 0,06 pour l’âge.
Ces recherches sont traitées dans Who’s Your City? de Richard Florida, publié le 30 juin 2009.
N’ayant pas connaissance de suffisamment d’études supplémentaires au sujet de l’importance du lieu de résidence pour la satisfaction de vie, notre degré de confiance dans ces coefficients de corrélation reste faible.
Who’s Your City? est également la source de l’affirmation selon laquelle les trois quarts des artistes et interprètes américains vivent à Los Angeles. ↩ - Les 10 méga-régions les plus importantes de la planète en termes de produit régional basé sur l’éclairage abritent seulement 416 millions de personnes, soit 6,5 % de la population mondiale, mais concentrent 42,8 % de l’activité économique (13 400 milliards de dollars), 56,6 % des innovations brevetées et 55,6 % des scientifiques "récoltant le plus de citations".
Florida, Richard, Tim Gulden, et Charlotta Mellander. « The rise of the mega-region » (lien de l’archive du 6 avril 2017), Cambridge Journal of Regions, Economy and Society 1.3 (2008) : 459-476. ↩ - En 2019, une méta-analyse a examiné 22 études différentes totalisant des milliers de participations, dont les résultats semblent soutenir l’idée que les techniques de psychologie positive améliorent le bien-être et les performances au travail.
Les types d’interventions étudiés étaient les suivants :
• capital psychologique (par ex. pratiquer l’optimisme et apprendre à rebondir après des situations difficiles) ;
• jobcrafting ou personnalisation du travail (par ex. aider les personnes salariées à créer des projets et se fixer des objectifs) ;
• forces au travail (par ex. aider les personnes salariées à identifier leurs forces) ;
• gratitude au travail (par ex. demander aux personnes salariées de tenir un carnet de bord de ce dont elles sont reconnaissantes dans leur emploi) ;
• bien-être au travail (par ex. passer du temps avec des personnes à qui on tient, s’entraîner à vivre l’instant présent).
Pour toutes ces interventions, les effets constatés étaient faibles à modérés (g = 0,1 à 0,4).
La méta-analyse a constaté des biais de publication, et il est possible que les tailles d’effets n’aient pas été adéquatement revues à la baisse pour les prendre en compte. Il semble malgré tout que l’efficacité de ces interventions soit appuyée par des preuves plutôt solides.
Donaldson, S. et al. « Evaluating Positive Psychology Interventions at Work: a Systematic Review and Meta-Analysis », International Journal of Applied Positive Psychology 4 (2019) : 113-134. ↩ - La plus vaste et la plus récente méta-analyse à ce sujet a examiné les interventions de psychologie positive suivantes :
• pratiquer la gratitude ;
• pratiquer le pardon ;
• effectuer des exercices pour se construire des perspectives optimistes (par ex. se représenter la meilleure version de soi-même) ;
• susciter des pensées positives via la réminiscence, le bilan de vie, le souvenir d’événements récents ou le goût du moment présent ;
• identifier et mettre à profit ses forces signatures ;
• faire preuve de gentillesse vis-à-vis des autres ;
• écrire ses expériences positives, moments forts ou succès ;
• s’entraîner à donner du sens à ses expériences ;
• l’humour (par ex. se remémorer trois choses drôles) ;
• se donner des objectifs d’importance (par ex. écrire un avis décès, un éloge funèbre ou testament) ;
• savourer les expériences ;
• suivre un coaching orienté solutions ;
• renforcer ses relations ;
• apprécier la beauté autour de soi ou la nature ;
• répondre de manière active-constructive ;
• répéter des affirmations positives ;
• faire du bénévolat ;
• pratiquer l’humilité ;
• atteindre l’état de flow ;
• restreindre temporairement notre accès à des expériences qu’on valorise (se priver de chocolat, par exemple).
Ces interventions ont été réparties en 10 catégories : appréciation, optimisme et espoir, construction de sens, gratitude, emploi de points forts personnels, humour, gentillesse, écriture positive, pardon, définition d’objectifs. Elles ont été testées par rapport à leurs effets sur (entre autres) l’amélioration du bien-être, la réduction de la dépression, la réduction de l’anxiété et la réduction du stress.
Les résultats n’étaient pas statistiquement significatifs pour les effets des interventions des catégories « pardon » et « définition d’objectifs » sur l’augmentation du bien-être ; pas statistiquement significatifs pour les effets des interventions de la catégorie « gentillesse » sur la réduction de la dépression ; pas significatifs pour les effets des interventions des catégories « gentillesse » et « gratitude » sur la réduction de l’anxiété ; et pas significatifs pour les effets des interventions des catégories « pardon », « gentillesse » et « mobilisation des forces signatures » sur la réduction du stress.
Toutes les autres interventions ont montré des résultats statistiquement significatifs, même si les corrélations pouvaient varier entre environ 0,2 et 0,8 en fonction de l’intervention et de l’effet.
À nouveau, la méta-analyse a constaté des biais de publication, et il est possible que les tailles d’effets n’aient pas été adéquatement revues à la baisse pour les prendre en compte. Il semble malgré tout que l’efficacité de ces interventions soit appuyée par des données plutôt solides.
Carr, A. et al. « Effectiveness of positive psychology interventions: a systematic review and meta-analysis », The Journal of Positive Psychology 16 (2020) : 749-769. ↩ - Une méta-analyse très citée qui s’est penchée sur les bienfaits de la méditation a fait le constat suivant :
Après examen de 18 753 citations, 47 études totalisant 3 515 participations ont été incluses. Les programmes de méditation de pleine conscience présentaient des preuves modérées d’amélioration de l’anxiété (taille d’effet de 0,38 [IC à 95 % : 0,12-0,64] à 8 semaines et de 0,22 [0,02-0,43] à 3-6 mois), de la dépression (0,30 [0,00-0,59] à 8 semaines et 0,23 [0,05-0,42] à 3-6 mois), et de la douleur (0,33 [0,03-0,62]) et faibles d’amélioration du stress/de la souffrance et de la qualité de vie en termes de santé mentale. On a constaté des preuves faibles d’absence d’effets ou une insuffisance de preuves d’effets des programmes de méditation sur la bonne humeur, l’attention, la consommation de drogues, les habitudes d’alimentation, le sommeil et le poids. Rien n’indiquait que les programmes de méditation étaient plus efficaces que tout autre traitement actif (médicaments, exercice physique et autres thérapies comportementales).
Goyal, Madhav, et al. « Meditation programs for psychological stress and well-being: a systematic review and meta-analysis. » JAMA Internal Medicine 174.3 (2014) : 357-368. doi:10.1001/jamainternmed.2013.13018.
À noter que la plupart des études portaient non pas sur le bien-être mais sur la santé mentale, ce qui a contribué de façon significative au résultat nul.
Une méta-analyse de 2019 ciblant la pleine conscience au travail a fait le constat suivant :
On a constaté des effets modérés de la pleine conscience sur les résultats négatifs comme le stress (différence moyenne standardisée = −0,57), l’anxiété (DMS = −0,57), la souffrance (DMS = −0,56), la dépression (DMS = −0,48) et le burn-out (DMS = −0,36), des effets modérés à faibles sur les résultats positifs comme la santé (DMS = −0,63), les performances au travail (DMS = −0,43), la compassion et l’empathie (DMS = −0,42), la pleine conscience (DMS = −0,39) et le bien-être (DMS = −0,36), et une absence d’effets sur la régulation émotionnelle. Les études analysées étaient cependant de niveau variable, ce qui suggère que davantage d’essais contrôlés randomisés de bonne qualité sont nécessaires.
Lomas, Tim, et al. « Mindfulness-based interventions in the workplace: An inclusive systematic review and meta-analysis of their impact upon wellbeing », The Journal of Positive Psychology 14.5 (2019) : 625-640. ↩ - Dans son étude de 2007, Adam Grant et une équipe de recherche ont organisé des rencontres entre un groupe d’employées et employés de centre d’appels et des étudiantes et étudiants bénéficiaires de ces collectes. Ce n’était pas un long échange, seulement une interaction de 5 minutes qui permettait aux membres du centre d’appels d’interroger les bénéficiaires sur leurs études. Et pourtant, cette petite conversation a fait une différence de taille le mois suivant. Le centre d’appels a pu tracer le temps passé au téléphone par son personnel ainsi que la quantité de dollars de dons récoltés par chaque personne. Un mois après les entretiens, le groupe qui avait interagi avec les bénéficiaires de bourses d’études avait doublé son nombre de minutes passées au téléphone et collecté beaucoup plus d’argent : une moyenne hebdomadaire de 503,22 $, contre 185,94 $ précédemment.
Putting a Face to a Name: The Art of Motivating Employees (lien de l’archive du 5 avril 2017), par Wharton, 2010.
Pour résumer, notre intervention a donné à des employés et employées d’un centre d’appels l’opportunité d’interagir de façon respectueuse pendant 10 minutes avec des bénéficiaires de leur travail. Un mois plus tard, au cours d’une semaine, ce groupe avait passé beaucoup plus de temps au téléphone et collecté beaucoup plus d’argent que celui qui avait seulement lu une lettre d’un ou une bénéficiaire et celui qui n’avait pas été exposé au bénéficiaire. De plus, la persévérance et la performance du groupe de contrôle n’avaient pas changé, tandis que les membres du groupe ciblé par l’intervention avaient multiplié par 2,42 leur temps passé au téléphone et 2,71 les sommes collectées après l’intervention. Notre petite manœuvre avait grandement influencé la motivation du personnel du centre d’appels.
Adam Grant, Elizabeth M. Campbell, Grace Chen, Keenan Cottone, David Lapedis et Karen Lee, « Impact and the art of motivation maintenance: The effects of contact with beneficiaries on persistence behavior » (lien de l’archive du 6 avril 2017), Organizational Behavior and Human Decision Processes, 103(1) (publication en mai 2007): 53-67. ↩ - Le professeur Morewedge et ses collègues ont constaté des baisses statistiquement vastes et persistantes des biais dans la prise de décision à la suite de la formation via jeu vidéo. En d’autres termes, les sujets présentaient des biais considérablement moins importants après l’intervention, y compris deux mois plus tard. Ces baisses étaient plus significatives pour le groupe ayant reçu la formation interactive que pour celui qui avait bénéficié de la formation vidéo (elles étaient cependant substantielles dans le deuxième cas également). Il y a très peu de données qui indiquent qu’aucun « entraînement cérébral » ait le moindre impact sur l’intelligence dans la réalité, mais il est peut-être bien possible de former des individus à être plus rationnels dans leur prise de décision.
David Hambrick et Alexander Burgoyne, « The Difference Between Rationality and Intelligence », The New York Times, le 6 septembre 2016. ↩ - David Deming, professeur associé d’éducation et d’économie à l’université de Harvard, affirme que les compétences dites « soft », comme le partage et la négociation, vont devenir cruciales. D’après lui, l’environnement de travail d’aujourd’hui, avec les passages d’un poste à l’autre et d’un projet à l’autre, est très proche des salles de classe de maternelle où on apprend des compétences sociales comme l’empathie et la coopération.
Deming a cartographié les besoins évolutifs des entreprises et identifié les compétences clés qui deviendront nécessaires pour réussir sur le marché de l’emploi dans l’avenir proche. Outre les « soft skills », les aptitudes en mathématiques seront extrêmement avantageuses.
World Economic Forum, septembre 2016, lien de l’archive du 5 avril 2017. Voir l’article original : D. J. Deming, « The Growing Importance of Social Skills in the Labor Market » (lien de l’archive du 13 avril 2017), Université de Harvard et NBER, août 2016.
Plus de détails dans notre analyse complète des compétences les plus utiles. ↩ - Ericsson montre qu’une performance remarquable à l’échelle mondiale nécessite généralement 10 à 30 ans de pratique concentrée. Que ce paramètre soit suffisant pour garantir l’expertise ou non est source de débats, mais sa nécessité à l’expertise fait consensus. Le niveau de pratique indispensable augmente pour les domaines plus traditionnels et compétitifs.
Les recherches d’Ericsson sont synthétisées ici :
Ericsson, K. Anders, et al., éds. The Cambridge handbook of expertise and expert performance. Cambridge University Press, 2006.
Ainsi que dans l’excellent et très apprécié résumé Peak, par le même auteur.
Un article populaire de Scott Barry Kaufman pointe du doigt certaines limites de la pratique délibérée : « The Complexity of Greatness » (lien de l’archive), Scientific American, 2013.
Une méta-analyse a également constaté que la pratique délibérée n’explique qu’une petite partie des performances au travail et pendant les études, et qu’elle explique aussi davantage les performances dans les domaines prédictibles que dans les domaines imprédictibles : Macnamara, Brooke N., David Z. Hambrick, et Frederick L. Oswald. « Deliberate Practice and Performance in Music, Games, Sports, Education, and Professions: A Meta-Analysis » (lien de l’archive), Psychological Science 25.8 (2014) : 1608-1618. ↩
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