Introduction au risque pandémique
“Voici une idée de film : une scientifique doit empêcher une nouvelle souche contagieuse d’Ebola de se propager dans le monde entier. Elle est la meilleure des meilleures. Si bien, en fait, que son travail sur les systèmes de détection précoce permet de contenir la souche à sa source. Dix minutes après le début du film, nous voyons les résultats de son travail — rien ne se passe. La vie continue comme si de rien n’était. Elle continue d’être extraordinairement compétente, et rien ne va plus de travers. Fondu noir. Générique.”
Le développement des armes nucléaires représentait, à l’époque, un risque technologique sans précédent. La puissance destructrice de la première bombe atomique était mille fois supérieure à celle des autres armes existant alors, et les bombes à hydrogène ont encore multiplié cette puissance destructrice par mille. La technologie nucléaire a créé un risque crédible de centaines de millions de morts, un “risque de catastrophe mondiale” [1]. Si nous pouvons aujourd’hui nous réjouir que, depuis Nagasaki, l’arme nucléaire n’ait plus jamais été utilisée autrement que pour des essais, la crainte d’une apocalypse nucléaire continue d’être présente, plus de 70 ans après, et des catastrophes ont plusieurs fois été évitées de justesse. [2]
De fait, beaucoup d’entre nous sont, à tort ou à raison, inquiets de la survenue d’événements aux conséquences catastrophiques : le déclenchement d’une troisième guerre mondiale, l’utilisation massive de l’arme atomique en cas de conflit, un emballement climatique désastreux, le développement d’une intelligence artificielle dont les intérêts ne seraient pas alignés avec les nôtres, etc. L’objectif de cet article est d’attirer votre curiosité sur un sujet que de nombreuses personnes au sein du mouvement de l’altruisme efficace estiment important et digne de davantage d’attention : le risque pandémique. Plus précisément, il sera question ici de mettre l’accent sur trois scénarios particuliers :
- L’émergence d’une pandémie naturelle
- La “recherche à double usage” [3] et la possibilité de déploiement accidentel d’agents biologiques de synthèse.
- L’usage d’armes biologiques par un groupe terroriste ou un gouvernement.
Avant d’aller plus loin, il convient de définir ce qu’est le risque pandémique. Etant quelqu’un de plutôt paresseux, je vais donc me contenter de taper “pandémie” dans mon moteur de recherche et de cliquer sur le premier lien. Coup de chance, il s’agit de Wikipedia : “Une pandémie est une épidémie présente sur une large zone géographique. Dans le sens courant, elle touche une part particulièrement importante de la population mondiale, quoique ce point fasse l’objet de débats à la suite d’une modification de la définition de ce terme par l’Organisation mondiale de la santé” [4]. Par pandémie, on entend donc d’une manière générale une épidémie qui s’étend au niveau mondial, de manière relativement rapide. Avec la globalisation et les interactions croissantes entre les pays du monde entier, le passage d’une épidémie à une pandémie se trouve facilité. Or, les conséquences d’une pandémie non maîtrisée peuvent être dramatiques comme le montrent malheureusement plusieurs exemples historiques.
À bien des égards, les problèmes relatifs au risque pandémique sont distincts des questions typiques de santé publique. Là où la santé publique s’intéresse généralement aux problèmes de santé permanents à gérer au niveau local ou régional, le risque pandémique ne constitue qu’un danger sporadique de faible probabilité mais d’envergure mondiale. Pourtant, très peu est fait en matière de biosécurité en comparaison du risque que représente une pandémie. Et c’est précisément pour cette raison qu’il s’agit d’un sujet d’intérêt pour l’altruisme efficace.
Entrons maintenant un peu plus dans le détail pour saisir ce que l’on entend lorsque l’on parle de risque pandémique.
Émergence d’une pandémie naturelle
La pire pandémie du siècle dernier est due à la grippe de 1918 (aussi appelée grippe “espagnole” bien qu’elle ait touché l’ensemble de la planète et notamment l’Inde), qui aurait été responsable d’environ 50 millions de décès (certaines estimations montent jusqu’à 100 millions), soit entre 2,5 % et 5 % de la population mondiale.
Au 14ème siècle, la peste noire a été responsable de dizaines de millions de morts à travers l’Europe et l’Asie. On estime qu’elle a tué entre 30 % et 50 % des Européens en 5 ans seulement.
Lorsqu’ils sont arrivés aux Amériques, les Occidentaux ont ramené avec eux la variole et la rougeole, jusqu’alors inconnues des autochtones qui ne disposaient donc pas d’un système immunitaire en mesure d’y faire face. Les épidémies qui s’ensuivirent décimèrent littéralement les civilisations amérindiennes du Mexique, d’Amérique centrale et même les Incas pourtant plus éloignés. On estime que 90 % des populations pré-colombiennes périrent ainsi.
Si nous sommes évidemment mieux préparés aujourd’hui qu’il y a des centaines d’années pour faire face à une nouvelle pandémie, l’épidémie relativement récente de VIH — virus pourtant difficile à transmettre — nous rappelle avec ses presque 30 millions de morts depuis 1981 que nous sommes loin d’être invincibles. La pandémie actuelle de coronavirus de Wuhan est également une nouvelle mise à l’épreuve. On ne peut donc pas exclure qu’une pandémie de l’ampleur de celles que nous avons citées plus haut puisse un jour apparaître, voire même qu’elle soit pire encore, les interactions entre les différents pays du monde n’ayant jamais été aussi intenses. L’exemple du coronavirus montre à quel point il est facile pour un virus apparu quelque part de rapidement parvenir à l’autre bout du monde.
De manière très schématique, il y a deux questions que l’on se pose lorsque l’on veut comprendre la gravité d’une pandémie. La première est de savoir quelle est l’ampleur de sa propagation (à quel point se transmet-elle facilement ? combien de personnes un malade infecte-t-il en moyenne ? quel est le taux de transmission ? etc). La seconde est de savoir quelle est la probabilité qu’une personne ayant attrapé la maladie décède (ce chiffre pouvant varier en fonction de la classe d’âge, du type d’épidémie, et même durant l’épidémie de par sa mécanique intrinsèque[5]). La grippe de 1918 avait par exemple un taux de létalité relativement faible (bien que plusieurs dizaines de fois plus élevé qu’une grippe “classique”) de l’ordre de 2 % ou 3 %. Cependant, une morbidité extrêmement élevée, (c’est-à-dire un très grand nombre de cas), estimée à 50 % à 70 % de la population mondiale atteinte, lui a permis d’être la pandémie la plus meurtrière du siècle dernier. À l’inverse, le virus H5N1 (grippe aviaire) atteignait un taux de létalité extraordinaire de l’ordre de 60 %, mais le fait qu’il ne se transmettait que d’oiseau à humain, et non d’humain à humain, en a fait une pandémie d’ampleur modérée. Si cependant une grippe aussi contagieuse que celle de 1918 et aussi meurtrière que H5N1 venait à apparaître, on peut aisément imaginer qu’elle serait sans commune mesure avec tout ce que nous avons connu jusqu’à présent, et menacerait l’existence même de l’humanité.
Nous n’avons cependant pas besoin d’un scénario aussi catastrophique pour concéder que l’émergence d’une pandémie naturelle pourrait représenter un risque conséquent pour l’humanité. Et un tel virus aurait vraisemblablement peu de chances d’exister, à moins qu’on ne le crée artificiellement. Mais qui s’amuserait à fabriquer une menace pareille, hahaha ? Eh bien, les scientifiques. Pourquoi ? Pour la science. Et c’est ce que nous allons voir maintenant.
La recherche à double usage
La recherche à “double usage” décrit la recherche qui pourrait être utilisée à des fins bienveillantes ou malveillantes. Comme nous le verrons, les scientifiques qui font des recherches tout à fait légitimes peuvent cependant représenter un danger important.
En effet, il est désormais possible de modifier des virus non contagieux dans leur forme naturelle pour les rendre facilement transmissibles. De fait, lors de plusieurs expériences récentes, les chercheurs ont modifié des virus de la grippe qui n’étaient auparavant pas transmissibles entre animaux relativement semblables aux humains afin qu’ils le deviennent. De tels travaux pourraient conduire à un scénario catastrophique principalement de deux façons :
- Des travaux de ce type, effectués pour approfondir les connaissances scientifiques, pourraient accidentellement produire un virus artificiel extrêmement dangereux qui s’échapperait d’un laboratoire.
- Au fur et à mesure que les détails de ces travaux sont publiés, il devient possible pour un scientifique d’utiliser ces connaissances publiques à mauvais escient pour créer un agent pathogène dévastateur. Aujourd’hui, un tel projet ne serait réalisable que s’il était financé par un État, mais à mesure que les découvertes scientifiques sur le sujet se démocratiseront, il sera peut-être possible pour des laboratoires avec un budget modeste de faire de même.
De tels accidents pourraient être évités en interdisant les expériences à risque, telles que les expériences qui tentent de modifier la gamme d’hôtes d’un agent pathogène. Mais ce faisant, on se priverait potentiellement d’outils précieux en cas d’apparition d’une pandémie naturelle.
Laissez-moi maintenant vous conter une histoire fascinante. Une histoire de la trempe de celle de Stanislas Petrov, qui a peut-être à lui seul permis d’empêcher un conflit nucléaire.
Ron Fouchier est un scientifique du Centre médical Erasmus de Rotterdam. Le 12 septembre 2011, quelques années après l’épidémie de grippe aviaire, il annonce qu’il a trouvé un moyen de transformer le H5N1, un virus extrêmement létal qui n’infecte presque exclusivement que les oiseaux, en une possible grippe interhumaine. Or, nous disions plus tôt que ce qui avait probablement empêché H5N1 de devenir une pandémie sans précédent, c’est que ce virus n’avait pas encore évolué en une souche pouvant se propager directement d’un être humain à un autre. Premier frisson d’effroi.
Mais Fouchier ne s’était pas arrêté là. Poursuivant dans sa lancée, il avoue qu’il a fait “quelque chose de vraiment, vraiment stupide”. Il avait tamponné le museau des furets (un animal utilisé comme modèle ou substitut aux humains lors des expériences en laboratoire) infectés, et utilisé les virus ainsi recueillis pour infecter une autre série d’animaux, répétant le processus jusqu’à ce qu’il obtienne une forme de H5N1 qui pouvait se propager dans l’air d’un mammifère à l’autre.
Je vous invite à prendre quelques secondes pour méditer ce que cela signifie réellement. Une grippe tuant plus d’une personne infectée sur deux, et pouvant se transmettre dans l’air d’un humain à un autre. À bien des égards, on pourrait arguer qu’on venait de créer la plus puissante arme de destruction massive de tous les temps. Si le virus s’était échappé, les conséquences auraient certainement été dramatiques.
Si l’on peut s’interroger sur la pertinence de telles expériences, elles sont selon Fouchier indispensables pour nous aider à identifier les souches de grippe les plus dangereuses pouvant émerger naturellement. Car on peut ainsi les anticiper en créant des modèles pour le développement de vaccins tout en alertant le monde sur la possibilité que le H5N1 se propage dans l’air.
Peu après l’annonce de Fouchier, qui avait déjà fait l’effet d’une bombe, Yoshihiro Kawaoka, un virologue de l’université du Wisconsin qui a également reçu un financement National Institutes of Health, a révélé qu’il avait réalisé des expériences similaires, produisant également des formes de la grippe aviaire H5N1 qui pouvaient se propager dans l’air entre des furets. Kawaoka avait pris la précaution de modifier sa souche expérimentale de H5N1 pour la rendre moins dangereuse pour les êtres humains, et les deux chercheurs ont réalisé leurs expériences dans des installations de très haute sécurité, désignées niveau de sécurité biologique 3+, juste en dessous du sommet de l’échelle.
Malgré leurs précautions, Fouchier et Kawaoka ont suscité la colère de nombreux experts de la sécurité nationale et de la santé publique, qui ont exigé de savoir comment la création délibérée de souches de grippe au potentiel quasi apocalyptique pouvait être justifiée. Un comité consultatif a convoqué une série de réunions litigieuses entre 2011 et 2012. Le comité consultatif a d’abord cherché à atténuer les retombées des expériences sur le H5N1 en ordonnant, en décembre 2011, que les méthodes utilisées pour créer ces nouvelles formes mammifères du H5N1 ne soient jamais publiées. Il a été demandé à Science et Nature d’éditer les parties pratiques des documents de Fouchier et de Kawaoka, en raison de la crainte de certains membres du conseil consultatif que ces informations ne constituent une sorte de recette de cuisine pour les terroristes. Ce qui nous permet une transition tout en douceur vers le dernier risque relatif à la sécurité biologique : le bio-terrorisme.
Utilisation d’armes biologiques par un groupe terroriste ou un gouvernement
Avant que vous ne fassiez construire un bunker totalement isolé avec des réserves de nourriture pour deux ans, je tiens à vous rassurer : la probabilité d’un attentat terroriste utilisant une arme biologique est extrêmement difficile à estimer, mais il y a très peu de chances qu’un groupe terroriste soit aujourd’hui en mesure de produire un virus apocalyptique. En revanche, on peut s’attendre à ce que ces risques augmente à mesure que les technologies de biologie synthétique se développent (notamment sous l’impulsion de la recherche à double usage), et que le niveau de formation requis pour produire des agents pathogènes dangereux diminue. En clair, la recherche en biologie synthétique et le bioterrorisme deviendront probablement une source de risque beaucoup plus importante à l’avenir. Mais il n’est pas trop tard pour les anticiper.
On peut imaginer qu’un attentat terroriste avec des armes biologiques puisse prendre diverses formes, en fonction de s’il utilise :
- Un agent biologique non contagieux, tel que l’anthrax.
- Un agent pathogène naturel contagieux, tel que la variole, qui a été éradiqué et contre lequel on n’est donc plus vaccinés.
- Un agent pathogène artificiel contagieux, tel qu’une version modifiée du H5N1. D’une manière générale, il faut bien avoir en tête que conceptuellement, il est possible de créer ou modifier un agent pathogène nettement plus nocif que tout ce qui a évolué naturellement, l’évolution ne favorisant pas les virus les plus meurtriers mais ceux se reproduisant le mieux, la mort de l’hôte allant contre l’intérêt du virus qui ne sera plus en mesure de se disperser.
L’ampleur d’une attaque biologique dépend, comme pour les pandémies naturelles, de deux facteurs : la contagiosité de l’agent biologique et sa létalité. Malgré tout, les agents biologiques qui sont les plus susceptibles d’être utilisés aujourd’hui dans une attaque bioterroriste causeraient certainement moins de victimes qu’une pandémie de grippe. Par exemple, une libération de variole serait désastreuse, mais elle pourrait être contrôlée en quelques mois car le gouvernement américain stocke des vaccins antivarioliques, et la variole est une maladie qui a une longue période d’incubation et un taux de reproduction limité[6]. Par ailleurs, le simple fait que les États-Unis disposent de stocks du vaccin contre la variole atténue la menace d’une attaque bioterroriste impliquant cette dernière. Une dissémination à grande échelle de l’anthrax serait un problème majeur, mais elle aurait surtout des effets locaux car l’anthrax n’est pas contagieux.
Evidemment, de telles attaques auraient des implications mondiales importantes sur le plan économique, social et politique, mais les effets sur la santé publique ne seraient pas aussi importants que ceux d’une pandémie de grippe.
Cela dit, on peut imaginer qu’il est difficile de se protéger contre le bioterrorisme car il existe de nombreux agents biologiques nocifs différents, et ils peuvent être libérés de nombreuses manières toutes plus créatives les unes que les autres, par exemple, en infectant les réserves de nourriture et d’eau, en les libérant dans des lieux publics, etc.
Quelles actions mener pour réduire ces risques ?
Je ne vais pas prétendre avoir de réponses originales. Je n’ai pas l’expertise nécessaire sur le sujet, et je vais donc me contenter de traduire ce qu’en dit l’Open Philanthropy Project qui a auditionné de nombreux spécialistes[7].
Parmi les moyens efficaces de prévenir le risque pandémique, il est possible de :
- Plaidoyer auprès des décideurs politiques pour améliorer les initiatives de biosécurité[8].
- Soutenir la recherche sur l’ampleur des risques en matière de biosécurité et les possibilités de les réduire.
- Améliorer et connecter les systèmes de surveillance des maladies afin de pouvoir détecter les nouvelles menaces et y répondre plus rapidement[9].
- Réduire les risques de la recherche à double usage en promouvant des mécanismes de contrôle plus forts et des normes culturelles de prudence parmi les chercheurs[10].
- Développer de nouvelles thérapies, telles que des vaccins antigrippaux à large spectre.
- Améliorer la capacité de production rapide de vaccins en réponse aux nouvelles menaces.
- Création ou accroissement des ressources de contre-mesures médicales importantes.
- Améliorer la préparation des institutions de santé publique et de maintien de l’ordre.
Ce dernier point clairement détaillé par le Dr Inglesby, directeur du Center for Health Security of the Johns Hopkins Bloomberg School of Public Health, et expert reconnu sur le sujet :
“L’objectif de la biosécurité est de disposer de tous les vaccins et médicaments nécessaires pour faire face à chaque éventualité, et de mettre en place des systèmes de santé publique et de soins de santé capables de répondre à une crise grave et aiguë.
Pour atteindre ces objectifs, les améliorations nécessaires sont notamment les suivantes :
- Des systèmes internationaux de surveillance des maladies plus solides, mieux interconnectés et dotés de technologies plus récentes.
- Des systèmes de santé publique pouvant utiliser les dossiers médicaux électroniques pour détecter les tendances des maladies et gérer les épidémies.
- Une réponse plus forte aux épidémies de maladies d’origine alimentaire. (Actuellement, il faut parfois des mois pour trouver la source d’une épidémie de toxi-infection alimentaire touchant plusieurs pays, et il arrive que la source ne soit jamais trouvée même si des milliers de personnes sont infectées).
- Un processus de développement et de production de médicaments et de vaccins qui pourrait être rapidement étendu si nécessaire. (Actuellement, les États-Unis comptent sur les stocks pour certaines maladies spécifiques, mais ils devront à terme être en mesure de fabriquer des médicaments et des vaccins pour toute une série de maladies et de pouvoir rapidement augmenter la production en cas de crise).
- Le développement de médicaments et de vaccins pour un plus large éventail de maladies.
- Un système de santé capable de répondre à des catastrophes de masse. Plus précisément, les hôpitaux doivent élaborer des plans pour le transfert des patients, le partage de l’expertise médicale et l’apprentissage mutuel”.
Enfin, au niveau individuel, il est possible d’orienter sa carrière de manière à travailler dans la prévention de risques pandémiques. Si le sujet vous intéresse, je vous invite à écouter ce podcast (en anglais) de 80000 Hours : “les carrières et les politiques qui peuvent prévenir les risques biologiques catastrophiques à l’échelle mondiale”, toujours avec le Dr Inglesby.[11]
J’espère que cet article vous aura convaincu de l’importance de réfléchir à la manière dont nous devrions prévenir de futures pandémies. Bien évidemment, cet article n’est qu’une introduction à un sujet bien plus vaste et complexe sur lequel je n’ai que peu d’expertise. N’hésitez pas à vous renseignez par vous-mêmes, par exemple en lisant les pages Wikipédia pertinentes sur le sujet, en allant regarder mes sources, ou encore en écoutant cet échange avec le Dr Cassidy Nelson du Future of Humanity Institute.
[1] Le terme “risque catastrophique” ou “risque de catastrophe mondiale” est utilisé au sein de l’altruisme efficace pour désigner les risques avec le potentiel de dégrader fortement le bien être d’une grande partie de la population.
[2] https://fr.wikipedia.org/wiki/Attaque_nucl%C3%A9aire_%C3%A9vit%C3%A9e_de_justesse#23_octobre_2010
[3] La recherche à “double usage” décrit la recherche qui pourrait être utilisée à des fins positives ou négatives, militaires ou civiles etc. On peut se la figurer comme une recherche “à double tranchant”.
[4] Le nombre de morts ne fait plus partie de la définition de l’OMS depuis 2009.
[5] Au début d’une épidémie, les cas graves ont plus de chances d’être identifiés que les cas moins graves. Les cas moins graves ont plus de chances d’être identifiés plus tard dans l’épidémie grâce à un meilleur dépistage et à une meilleure sensibilisation. Les cas graves présentant un risque de décès plus élevé que les cas moins graves, les estimations du taux de létalité effectuées à tout moment avant la fin de l’épidémie, c’est-à-dire avant que tous les cas ne soient résolus, sont susceptibles d’évoluer avec le temps. Et généralement à la baisse.
[6] Son R0 est en réalité assez haut, d’autant plus que c’est un virus qui se transmet par aérosols. Cependant la nécessité de contact proche joue théoriquement sur la limitation de la transmission.
[7] https://www.openphilanthropy.org/research/cause-reports/biosecurity#footnote12_76cnfxy
[8] Par exemple, dans les années 70 et 80, lorsque les gens ont commencé à s’inquiéter d’un possible hiver nucléaire, la plupart des débats prenaient place hors du gouvernement états-unien, qui a cependant fini par prendre ce problème au sérieux, du fait de la pression de l’opinion publique. Cela ne signifie pas que le problème s’est immédiatement résolu. En revanche il est probable que les nombreuses discussions et réflexions sur le contrôle des armes nucléaires ait influencé la réflexion des gouvernements.
[9] Une étude utilisant les données de l’OMS pour la période 1996–2009 a révélé des améliorations significatives dans la détection des épidémies au fil du temps. En 1996, il s’écoulait environ 170 jours entre le moment où l’épidémie était détectée et celui où elle était signalée dans les journaux. En 2009, ce délai avait été ramené à environ 23 jours. Grâce aux technologies actuellement en cours de développement et au déploiement de meilleures pratiques, le délai entre l’apparition d’un foyer et sa détection pourrait se réduire à une ou deux périodes d’incubation seulement selon la maladie, ce qui permettrait de limiter sa propagation.
[10] Selon le Dr Inglesby, travailler à modifier les normes au sein de la communauté scientifique pourrait être prometteur : “Ainsi, les normes elles-mêmes, le développement de normes scientifiques, le développement d’attentes en matière de comportement, peuvent être un outil puissant. Au fil du temps, nous avons convenu, en tant que communauté scientifique, de ne pas faire certains types de recherches ou de les faire sous certaines conditions très spécifiques, comme les essais cliniques. La recherche sur des sujets humains est effectuée d’une manière très particulière. La recherche liée aux radiations est aussi effectuée de manière particulière. Nous avons donc convenu, en tant que communauté, de suivre certaines lignes directrices lorsqu’il s’agit de certains types d’expériences.”
[11] https://80000hours.org/podcast/episodes/tom-inglesby-health-security/
Sources principales :
Les rapports de l’Open Philanthropy Project sur le sujet :
https://www.openphilanthropy.org/research/cause-reports/biosecurity#footnote12_76cnfxy
http://globalprioritiesproject.org/wp-content/uploads/2015/04/Unprecedented-Technological-Risks.pdf
Les interview de 80000 hours avec des experts sur le sujet :
https://80000hours.org/podcast/episodes/we-are-not-worried-enough-about-the-next-pandemic/
https://80000hours.org/podcast/episodes/tom-inglesby-health-security/
https://80000hours.org/podcast/episodes/beth-cameron-pandemic-preparedness/
https://80000hours.org/podcast/episodes/cassidy-nelson-12-ways-to-stop-pandemics/
Le site du Centers for Disease Control and Prevention
Bonus pour les courageux ayant lu jusqu’au bout :